Intervention de Pierre Lequiller

Réunion du 30 octobre 2013 à 16h30
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Lequiller :

Je vais provoquer aussi : il faut faire attention à notre terminologie. J'ai accueilli dans cette enceinte lorsque je la présidais M. Jacques Delors et je me souviens qu'il avait indiqué qu'il ne fallait pas parler d'Europe sociale, car le social est de la compétence des États. Je partage de fait ce point de vue : il faut faire attention de ne pas provoquer la critique populiste. Les disparités sociales et fiscales sont énormes entre les pays, et il vaudrait mieux parler de convergence sociale, et l'effectuer progressivement et par petits pas, comme le disait Arnaud Richard. Il n'y a pas d'Europe sociale, elle est balbutiante : ce doit être un objectif dont nous devons parler avec prudence. Par ailleurs, on voit sur l'affaire du tableau de bord et l'opposition entre l'Allemagne et la France, et aussi sur celle des insuffisances sur l'initiative pour l'emploi jeunes, dont l'application est différente d'un État à l'autre, qu'il n'est pas facile d'avoir un modèle unique. Et c'est normal : nous n'avons pas envie que l'on nous impose le modèle de sécurité sociale britannique et réciproquement ! L'Allemagne est en train d'accepter d'avoir un seuil minimal de salaire, mais celui-ci sera fonction de son propre modèle et de sa propre histoire, et c'est normal. Il faut être réaliste, le social reste encore largement de la compétence nationale, et si l'on avait adopté le système d'harmonisation totale, la récente réforme des retraites n'aurait pas pu être votée ! Je partage le point de vue de Gilles Savary sur la directive sur le détachement des travailleurs : c'est ce type de points très concrets qu'il faut améliorer avant les élections, pour combattre le populisme. Il y a un énorme effort à faire dans toute l'Europe et en particulier dans notre pays sur l'apprentissage et la convergence sociale, qui doit se faire à travers l'exemplarité des reformes réussies ailleurs. Nous pouvons par exemple être fiers de notre politique familiale tandis que sur l'apprentissage nous avons des leçons à prendre de nos voisins allemands. L'intérêt de l'Europe c'est aussi l'expérimentation.

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