Intervention de Pierre Ferracci

Réunion du 30 octobre 2013 à 16h30
Commission d'enquête relative aux causes du projet de fermeture de l'usine goodyear d'amiens-nord, et à ses conséquences économiques, sociales et environnementales et aux enseignements liés au caractère représentatif qu'on peut tirer de ce cas

Pierre Ferracci, président de SECAFI :

Ce fut, à l'évidence, un tournant. Auparavant déjà, les relations sociales n'étaient pas au beau fixe, mais le débat autour des 4x8 et les prises de position opposées à Amiens-Sud et Nord ont conduit à un dérapage supplémentaire dans des relations insatisfaisantes. Il est toujours difficile de faire la part des choses quand on passe d'une situation A à une situation B, mais il est évident que la direction, constatant l'impossibilité de parvenir à un accord à l'usine d'Amiens-Nord et la possibilité de le trouver à l'usine d'Amiens-Sud, a modifié le cap et privilégié Amiens-Sud, ce qui s'est traduit en termes d'investissements, comme vous l'avez constaté. Les difficultés du dialogue social ont donc aggravé une situation économique qui n'était pas brillante puisque, je le répète, le retard d'investissement avait provoqué un problème de compétitivité réel. Je me suis permis de nuancer ce qui avait été dit mais, cela étant, je peux être tout aussi choqué que d'autres par le fait qu'un groupe accusant un retard massif d'investissement et un endettement aussi lourd verse des dividendes. Il n'empêche : le retard d'investissement est colossal et la différence de fonds propres en valeur absolue entre Goodyear et ses concurrents n'est pas sans conséquences.

La situation comparée de PSA et de Volkswagen est la même : en trois ans, le premier va investir 9 milliards d'euros et le deuxième 50 milliards, si bien que l'écart technologique ira grandissant, quelles que soient les compétences à l'oeuvre. L'endettement significatif de PSA nuit à l'investissement et donc, selon la phrase connue, aux profits de demain et aux emplois d'après-demain.

Il me paraît évident que la conjugaison des enjeux économiques et sociaux accélère la dégradation de la situation d'un site, et la direction de Goodyear ne refusera pas de reconnaître qu'étant donné le blocage social constaté à l'usine d'Amiens-Nord, elle n'a pas eu envie de continuer à essayer de trouver un équilibre entre Amiens-Nord et Sud.

Nous défendons partout la thèse qu'il est préférable pour la santé au travail des salariés concernés d'organiser la production en 5x8 plutôt qu'en 4x8. Des groupes industriels de plus en plus nombreux abandonnent le rythme de travail en 4x8 et la question se posera dans le secteur du pneumatique comme elle s'est posée ailleurs. Dans le cas qui nous occupe, comme je vous l'ai dit, l'organisation du travail pesait bien moins que les investissements dans le renouveau de la compétitivité. De ce fait, le gain de productivité attendu du passage au 4x8 n'était pas, de notre point de vue, à ce point fondamental qu'il faille s'obliger à en passer par là à tout prix.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion