Si vous reprenez nos rapports sur Goodyear pour les exercices 2008 et 2009, vous constaterez que l'on n'a pas besoin de dire qu'un groupe veut, presque méchamment, casser un site industriel et le délocaliser, pour constater qu'une stratégie de recentrage sur les pays à bas coûts et une politique d'investissement faiblarde en raison de l'endettement sont à l'oeuvre, ce qui affaiblit le site. On mêle parfois le jugement moral et une réalité économique qui, depuis des années, nous est apparue évidente. Quand nous parlons, en 2009, d'« une stratégie de fermeture de sites et de délocalisation pleinement assumée », on voit bien que les fabricants de pneumatiques, comme les constructeurs automobiles depuis quelques temps, connaissent un problème de surcapacités qu'ils entendent régler, en choisissant souvent la même stratégie de recentrage sur les produits à forte valeur ajoutée. La lecture de la stratégie de l'entreprise s'impose ; on peut ensuite porter le jugement moral que l'on veut sur cette stratégie, mais si un site n'est pas rentable, mieux vaut expliquer pourquoi il ne l'est pas que d'affirmer qu'il l'est mais que les bénéfices sont cachés dans une caverne d'Ali Baba. Telle a toujours été notre démarche. Ainsi éclaire-t-on les salariés et leurs représentants et leur permet-on de prendre les décisions appropriées.