Intervention de Pierre Ferracci

Réunion du 30 octobre 2013 à 16h30
Commission d'enquête relative aux causes du projet de fermeture de l'usine goodyear d'amiens-nord, et à ses conséquences économiques, sociales et environnementales et aux enseignements liés au caractère représentatif qu'on peut tirer de ce cas

Pierre Ferracci, président de SECAFI :

Nous ne prétendons pas à la perfection, mais nous sommes le premier cabinet de conseil auprès des CCE depuis 30 ans et nos clients nous renouvellent souvent leur confiance. Nous nous sommes efforcés de donner tous les éléments aux élus du CCE de manière qu'ils puissent se décider, mais nous ne nous substituons pas à eux.

Je constate que nous avons tenu notre ligne et que d'autres ne l'ont pas fait. Je dépose ici sous serment, comme Laurent Rivoire. Comme moi, il a entendu la partie syndicale, à un moment donné, juger le plan de Titan acceptable. Ce plan n'était pas parfait mais c'était un compromis acceptable car on voyait bien que l'on ne parviendrait pas forcément à obtenir de Goodyear le maintien de 537 emplois. Pour répondre à votre question, nous avons donné ces éléments. Pour aller plus loin dans ma réponse, nous n'avons pas cherché à noircir le trait en dépeignant de manière très sombre la situation économique d'Amiens-Nord ; incidemment, décrire la situation comme catastrophique, tant pour ce qui était de l'outil de travail que pour ce qui était de la productivité des salariés, aurait pu compliquer l'opération de Titan. Nous avons essayé de trouver l'équilibre. Il nous a aussi été reproché d'avoir réalisé une expertise en onze jours – mais quand on intervient depuis dix ans dans une entreprise et sur un site, peut-être fait-on plus vite que d'autres ! Et puis, on peut retourner le compliment en observant que, lorsqu'on veut jouer les délais, on peut parfois prendre 50 jours pour finir un travail alors que 5 jours suffisent…

Encore une fois, nous nous sommes très bien entendus pendant longtemps et je n'en veux à personne, mais je me dois de rectifier les propos désobligeants qui ont été tenus sur nous et en particulier l'assertion que SECAFI aurait noirci le trait pour permettre à Sodie, autre filiale du groupe Alpha, de reclasser les salariés licenciés. Pourquoi, alors, avons-nous, un peu seuls, défendu le plan Titan, au lieu de laisser Sodie reclasser 1 200 salariés et non quelques centaines ? Ces arguments de café du commerce n'ont pas à être tenus, surtout quand on a travaillé ensemble pendant dix ans et qu'on se respecte, comme c'est encore notre cas.

Je ne partage pas le discours tendant à dire : « Nous allons imposer à Goodyear une stratégie qui n'est pas la sienne ». Je le répète, toute négociation est le fruit d'un rapport de forces qui doit être apprécié au cas par cas pour déterminer ce que l'on peut et ce que l'on ne peut pas faire. Dans ce dossier, on a tenu cinq ou six ans mais dans l'intervalle beaucoup de salariés sont partis, pas toujours dans de bonnes conditions, et la situation au travail de ceux qui sont restés n'est pas mirobolante. Je ne souhaite qu'une chose : que Titan reprenne 333 salariés. J'ignore si ce sera le cas, car le président de Titan nous a habitués à quelques volte-face. Mais il est dommage d'avoir laissé passer l'occasion qui aurait permis la reprise de 200 salariés de plus, comme cela a été proposé il y a un an. Nous avons fait notre travail mais nous ne sommes pas parfaits et je reconnais le droit à la critique.

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