Intervention de Pierre Ferracci

Réunion du 30 octobre 2013 à 16h30
Commission d'enquête relative aux causes du projet de fermeture de l'usine goodyear d'amiens-nord, et à ses conséquences économiques, sociales et environnementales et aux enseignements liés au caractère représentatif qu'on peut tirer de ce cas

Pierre Ferracci, président de SECAFI :

C'est une stratégie parfaitement assumée depuis des années. Quand on veut défendre l'emploi, on le défend dans l'entreprise quand c'est possible – ici, avec le plan Titan. Ensuite, il ne me pose aucun problème que d'autres équipes du groupe s'occupent de la reconversion des salariés qui, malheureusement, subissent un licenciement. Si SECAFI fermait les yeux pour laisser Sodie travailler en aval, ce serait suicidaire – je préfère demander à Goodyear de donner les moyens nécessaires pour reconvertir 600 salariés plutôt que de devoir reconvertir 1 200 salariés avec les mêmes moyens. Penser que nous procéderions de la sorte, c'est désobligeant pour le cabinet SECAFI mais aussi pour les organisations syndicales. Je suis beaucoup plus choqué par les avocats qui se rémunèrent sur les indemnités de sortie des salariés et qui, eux, ne jouent pas les solutions alternatives dans l'entreprise. Il y en a, et certains se rémunèrent même aussi à l'anglo-saxonne, en pourcentage des indemnités touchées pour atteintes à la santé au travail.

Pour notre part, nous sommes tranquilles, et d'autant plus tranquilles que, je l'ai dit, nous étions un peu seuls à défendre le plan de Titan. Je connais bien l'organisation majoritaire que représente Michaël Wamen ; elle se bat très souvent pour des solutions alternatives avant d'avoir à reconvertir les salariés. Ainsi, dans le cas de Molex, s'est-elle battue pour obtenir la reprise de tous les salariés ; elle n'a pas réussi, très peu ont été repris, et cette organisation n'a pas eu de problème concernant la reconversion des autres salariés.

Ce n'est pas nous, bien entendu, qui définissons les plans de restructuration des directions. On pourrait inverser l'interrogation : pensez-vous qu'il soit facile de travailler avec la direction de Goodyear pour reclasser les salariés après l'avoir critiquée pendant dix ans ? Pensez-vous qu'en ce moment – et je lance par votre canal un appel à M. Henry Dumortier ! – il soit facile pour Sodie de dégager les moyens de reconvertir les salariés efficacement dans un bassin d'emploi dont, mieux que quiconque, vous savez les difficultés ? La discussion n'est pas plus facile qu'avec toutes les autres entreprises, car on sous-estime toujours les moyens à mettre en oeuvre pour reconvertir les salariés alors que le pays compte déjà plus de 3 millions de chômeurs. Nous avons choisi parfois de prendre des coups des deux côtés pour défendre l'emploi dans l'entreprise quand c'est possible – et je souhaite qu'au moins les 333 emplois dont il est question maintenant soient maintenus et qu'éventuellement la négociation avec Titan permette d'aller au-delà. Ensuite, mieux vaut accompagner le plus efficacement possible ceux qui n'ont pas cette chance. Peut-être un cabinet qui a l'habitude de travailler avec les représentants du personnel et les syndicats sera-t-il attentif aux conditions d'accompagnement des salariés qui ont perdu leur emploi. Je suis très fier d'avoir, dans ce groupe, les différentes activités à gérer et je n'ai pas de problème de conflits d'intérêts.

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