Je ne sais pas si l'industrie a besoin d'aide, mais, pour se développer, il lui faut certaines conditions opératoires, à commencer par une certaine stabilité fiscale et réglementaire.
Récemment, l'Autriche a demandé l'interdiction de l'azodicarbonamide, alors que cet agent gonflant pour le caoutchouc et les plastiques, s'il peut provoquer une gêne respiratoire, n'est pas classé parmi les produits cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques (CMR). Si la requête aboutit, ce sera une révolution pour les PME, car le prix des produits de substitution est élevé. Demain, si l'azodicarbonamide est interdit en France et qu'on en trouve encore en Chine, nos entreprises souffriront d'une concurrence déloyale.
De même, le 1-3 butadiène est réputé dangereux, comme facteur de leucémie, mais la molécule ne peut s'échapper quand elle est prisonnière d'une matrice moléculaire plus complexe. C'est pourquoi, ceux qui la fabriquent courent un risque, mais non ceux qui l'utilisent. En France, il est envisagé d'inscrire cette molécule parmi les causes de maladie professionnelle. L'Institut national de recherche et de sécurité (INRS) s'en est mêlé. Hutchinson et Michelin ont fait séparément des analyses, qu'ils ont publiées. Peut-être sommes-nous juges et parties, mais nous voudrions être sûrs que la décision finale sera prise sur des critères objectifs. Il faut éviter qu'on crée, sur une base floue, une distorsion de concurrence, car nous ne pourrions pas nous passer du 1-3 butadiène sans modifier considérablement nos installations.
Nous sommes favorables aux réglementations, car l'industrie doit respecter le principe de précaution. Elle doit continuellement améliorer la protection des ouvriers, ce qui semble être le cas, puisque leur espérance de vie augmente. Mais il faut aussi tenir compte des contraintes économiques. Un pays comme la Turquie, qui fait partie de l'union douanière européenne, échappe aux contraintes communautaires et applique un salaire horaire plus bas que le nôtre.