Intervention de Marisol Touraine

Réunion du 13 novembre 2013 à 16h30
Commission spéciale pour l'examen de la proposition de loi renforçant la lutte contre le système prostitutionnel

Marisol Touraine, ministre des affaires sociales et de la santé :

Je ne peux que vous répéter ce que je vous ai déjà dit. Vous évoquez, monsieur le député, la nécessité d'envoyer un message très clair pour lutter contre le système prostitutionnel. C'est précisément notre volonté, et nous la partageons avec quelques-unes des associations qui sont impliquées au quotidien auprès des personnes prostituées. Mais il est vrai que les situations liées à la domination, à l'exploitation, à la violence et à la maltraitance sont insupportables, inacceptables, et que tout doit être fait pour qu'elles n'existent pas.

En réalité, vous vous demandez si ma démarche permettra de faire reculer dans notre pays les frontières de ce qui est acceptable. Vous posez aussi une question annexe qui est très importante à mes yeux. Il ne faudrait pas que l'éradication d'une partie de la prostitution fragilise davantage celle qui se maintiendrait, parce que, si j'en juge par les exemples étrangers, nous n'arriverons pas, dans un premier temps, à éradiquer la prostitution dans sa totalité. Ainsi, pendant une certaine période, dont je ne peux dire combien de temps elle durera, la criminalisation de l'achat d'acte sexuel sera établie mais un certain nombre d'hommes et de femmes continueront à se livrer à la prostitution. Il est de ma responsabilité de me préoccuper de ces personnes afin qu'elles ne soient pas plus fragilisées qu'elles ne le sont aujourd'hui. Cette crainte explique la mobilisation de certaines associations. Nous devons nous mobiliser collectivement pour apporter des garanties aux hommes et aux femmes qui se prostituent pour qu'ils ne redoutent pas de sortir de la clandestinité et aillent à la rencontre de ceux qui sont susceptibles de les aider.

Encore une fois, je n'ai pas de position tranchée et je fais preuve d'une grande prudence parce que les analyses des exemples étrangers m'y incitent, mais cela ne veut pas dire que ce ne sera pas possible. Aucun élément ne m'amène à dire que nous devons renoncer. Ma réponse vous a peut-être parue ambiguë, mais à partir du moment où le système sera mis en place, il faudra faire en sorte que les hommes et les femmes concernés ne soient pas confrontés à des risques accrus. Pour cela, il faut aller plus loin que ce que vous proposez.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion