Il me semble que c'est au ministre de l'intérieur, que vous allez auditionner demain, de répondre à votre première question. Pour ce qui est de mon ministère, il devra s'assurer de la qualité des enquêtes conduites sous la responsabilité du procureur de la République. Cet aspect devra probablement faire l'objet d'une circulaire pour mobiliser les parquets sur ces infractions et sur les modus operandi.
S'agissant de votre seconde question, je ne suis pas sûre qu'un seul paramètre, en l'occurrence la stigmatisation sociale, puisse avoir un effet dissuasif sur l'achat de services sexuels tarifés. Les choses sont plus compliquées que cela, comme en témoignent les prostituées elles-mêmes qui dressent des profils psychologiques de leurs clients – les sadiques, les masochistes, les dominateurs, les dominés… En la matière, toutes sortes de pathologies, de frustrations, de représentations entrent en jeu.
À mon sens, il ne s'agit pas de trouver un profil du consommateur pour mieux le punir. L'essentiel est d'être pénétré de la conviction que la prostitution n'est pas une situation anodine, banale, qu'elle est contraire à nos valeurs et à nos principes, et que la très grande majorité des prostituées sont des victimes. Mais les solutions seront forcément incomplètes, imparfaites. En tout cas, au moins 343 seront contents que cela se sache….