Sur d'autres dossiers, on constate des délocalisations, sinon vers des paradis fiscaux, du moins vers des pays à fort taux de croissance, des pays émergents ou simplement des pays dont le niveau de salaire et de protection sociale est inférieur à celui de l'Union. Les entreprises prennent cette décision tant pour réduire les coûts que pour conquérir des parts de marché dans les pays émergents.
Dans le cas de Goodyear, je n'ai pas eu connaissance d'une délocalisation vers la Pologne. Nous savions seulement que l'activité du groupe se réduisait. Les marchés européens et africains étaient touchés par la concurrence des constructeurs automobiles, qui répercutaient sur les constructeurs leurs efforts pour réduire les coûts. Pendant dix ans, Goodyear a connu des résultats fluctuants. Sa dette n'a cessé d'augmenter pour atteindre six à sept milliards. Selon la direction générale, le groupe perdait trente à trente-cinq euros par pneumatique. Le cabinet Secafi a confirmé que le site d'Amiens n'était pas rentable.
Goodyear a voulu réunir deux sites qui se faisaient face, envisageant même de demander la privatisation de la route qui les séparait. Le projet était rationnel, le budget d'investissement élevé – 52 millions – et le recentrage sur les pneus à forte valeur ajoutée paraissait judicieux. La direction réagissait de manière positive à la réduction de ses parts de marché.
Quand le projet a été refusé par Amiens-Nord, j'ai eu l'impression d'une occasion manquée. La direction a séparé l'activité tourisme, qui, selon elle, avait vocation à cesser, et cherché un repreneur pour l'activité agricole. Titan, qui avait déjà repris de nombreux sites dans le monde, nous a paru crédible.