Monsieur le ministre, j'ai bien senti votre embarras, pris que vous êtes entre l'engagement du Parti socialiste de supprimer le délit de racolage public et le fait que vos services soulignent l'efficacité de ce délit, qui est l'un des rares outils permettant une prise de contact avec les prostituées – à des fins qui ne sont d'ailleurs pas toujours répressives.
À Paris, l'existence de ce délit permet de contenir efficacement le développement de la prostitution de voie publique, en particulier dans des secteurs où il a tendance à prendre des proportions massives. La création du délit de racolage passif, voici quelques années, a permis de réduire encore l'intensité de l'activité prostitutionnelle. Il s'agit donc d'un outil indispensable, auquel nous avons d'ailleurs largement recouru dans les années 1990, à l'initiative d'Édith Cresson et de Jacques Chirac pour faire reculer la prostitution dans le Bois de Boulogne.
Je tiens donc à mettre en garde les pouvoirs publics : la suppression du délit de racolage public vous privera des moyens de contenir la prostitution de voie publique à Paris, dans certaines grandes villes et dans certains quartiers sensibles. La pénalisation du client, à laquelle je suis par ailleurs favorable, ne se substituera pas à cet outil, car elle ne permettra pas à la police d'exercer un contrôle sur la voie publique.