Monsieur le ministre, lors de ma rencontre avec le ministre de l’éducation nationale en Gironde à la rentrée, j’ai eu l’occasion d’appeler son attention sur la problématique scolaire de ma circonscription du Nord-Gironde, où les indicateurs sociaux, pour la plupart dans le rouge, ont des répercussions sur les résultats scolaires malgré un engagement fort des équipes éducatives.
Dans ce secteur, si les collèges de Guîtres et de Saint-Savin bénéficient de la reconnaissance « ambition réussite », anciennement ZEP, zone d’éducation prioritaire, deux autres, Coutras, à l’est, et Saint-Ciers-sur-Gironde, à l’ouest, n’ont pu obtenir cette reconnaissance malgré nos demandes réitérées. Or, l’un comme l’autre font face à une situation sociale qui est celle de l’ensemble du territoire ; les critères à cet égard sont sans appel.
Le collège de Coutras est un collège double de type ZEP en milieu rural accueillant 850 élèves. Il se situe dans le croissant de pauvreté du Nord-Libournais où, selon le diagnostic de la pauvreté en Aquitaine, le pourcentage des familles de catégories sociales en difficulté est très élevé. Pour le collège de Coutras, 78,2 % des familles des élèves relèvent de CSS défavorisées.
Les personnes qui sortent sans diplôme du système scolaire représentent 25 % et seulement 29 % des 15-24 ans sont scolarisés, contre 58,2 % en Gironde. Le pourcentage de réussite au brevet des collèges n’a par ailleurs cessé de diminuer : il était de 76,8 % en 2009 et stagne autour d’à peine 70 % depuis deux ans, alors qu’en Gironde il atteint cette année les 88,5 %. L’orientation en fin de troisième vers une filière professionnelle concerne plus de 50 % des élèves alors qu’elle devrait plutôt se stabiliser à 40 %. Enfin, concernant les moyens pour la rentrée 2013, la suppression d’un mi-temps d’infirmière et la nomination d’une assistante sociale vacataire à mi-temps sont venues alourdir les difficultés de fonctionnement de cet établissement.
La situation du collège de Saint-Ciers-sur-Gironde, à l’autre extrémité de la circonscription, n’est pas meilleure. Bien que les indicateurs de valeur ajoutée des collèges soient positifs, on observe une généralisation du retard de la scolarisation. Le taux de retard à l’entrée en sixième est toujours largement supérieur à la moyenne du département – 14,5 % dans l’établissement contre 9,4 % au niveau départemental –, le pourcentage des familles de catégories sociales défavorisées est toujours bien au-dessus de la moyenne nationale et départementale – il atteint pour 2012 52 %.
En outre, l’attractivité de l’établissement est au plus bas et ne cesse de diminuer. Voilà maintenant quatre ans que le pourcentage de voeux formulés pour Saint-Ciers par les enseignants titulaires est nul. Le taux de scolarisation des 15-24 ans continue de baisser : il s’est établi à 28 % en 2011, alors qu’il était de 38 % en 2000 et qu’il est, je le rappelle, de 58,2 % pour l’ensemble de la Gironde.
Aujourd’hui, le monde rural a un sentiment profond d’abandon. En Gironde, les décisions de la majorité précédente ont concentré les moyens dans la banlieue ouvrière de Bordeaux où ils se sont conjugués à ceux de la communauté urbaine et ont permis d’obtenir des résultats spectaculaires en termes d’encadrement, de service, et donc de réussite. Ces moyens sont toujours inexistants dans ma circonscription, où s’est installée toute une population repoussée par l’augmentation des prix des terrains dans la CUB et alors que les collectivités n’ont pas la possibilité financière de répondre aux légitimes besoins de service.
Il ne s’agit donc là que de rétablir l’équité territoriale en octroyant à ces deux secteurs scolaires le label « ambition réussite » que leur situation justifie amplement.