L’audit effectué par les inspecteurs généraux du ministère montre de surcroît que le taux de réussite des étudiants inscrits à Béziers en premier cycle est globalement satisfaisant. Cette fermeture n’est donc pas pertinente.
Elle n’est pas non plus nécessaire, comme le montre l’audit, puisque les économies espérées de cette fermeture ont été surestimées : la présidente de l’université a envisagé une économie de 2,5 millions d’euros, contre un peu plus d’un million seulement dans l’audit. En outre, l’évaluation faite par l’université ne tient pas compte du coût du transfert des étudiants à Montpellier.
L’audit révèle aussi que si l’université a conduit un important travail de rationalisation au niveau des licences, le même effort de mutualisation n’a pas été fait au niveau des mastères, malgré la baisse des effectifs.
Le Gouvernement qui, vous l’avez dit, a fait de la jeunesse sa priorité, veut concentrer tous ses efforts sur le premier cycle, où l’on constate le plus fort taux d’échec, lequel est étroitement lié à la condition et à l’origine sociales des étudiants. Or, fermer Béziers, ce serait faire une nouvelle fois peser sur le premier cycle et sur les classes sociales les plus modestes le poids de la mutualisation et de la rationalisation nécessaires des dépenses.
La présidente de l’université a donc toutes les cartes en mains pour proposer un budget 2014 qui doit simplement stabiliser ses dépenses, sans recourir à des mesures radicales telles que la fermeture de Béziers. Elle peut pour cela compter sur les créations d’emplois dont bénéficiera l’université sur toute la période 2014-2017, dans le cadre du millier d’emplois créés chaque année pendant toute la durée du quinquennat.
Elle peut également modérer l’évolution de sa masse salariale, qui a été beaucoup trop rapide, puisqu’elle a augmenté de 5 % par an depuis trois ans sous l’effet des décisions de la seule université. Je prendrai deux exemples : les heures complémentaires équivalent à un montant d’un million d’euros, et une dépense supplémentaire de 1,5 million est due à la transformation d’emplois de maîtres de conférences en emplois de professeurs – soit, au total, un montant de 2,5 millions qui correspond aux économies attendues par l’université de la suppression de l’antenne de Béziers.
La situation financière de l’université n’est certes pas satisfaisante, puisqu’un déficit est annoncé deux années de suite, mais son fonds de roulement est de 44 jours, alors que le seuil prudentiel fixé par Bercy, toujours assez prudent, est de 15 jours. Il y a donc encore des marges de manoeuvre. L’université Paul Valéry n’est pas sous-dotée et répond d’ailleurs parfaitement aux normes du modèle SYMPA, qui est pourtant loin d’être sympathique pour d’autres établissements. Dès lors, dire que « l’État n’a qu’à mettre quatre millions d’euros » est un peu court, d’autant plus que la dotation de l’État, qui représente plus des neuf dixièmes du budget de l’université, a progressé de 2 % en 2013 et continuera de progresser en 2014 et au-delà avec les créations d’emplois. De même, parler de « désengagement de l’État » n’a pas davantage de sens. Je rappelle que selon l’audit précité, l’université Paul Valéry conserve une situation financière solide, même si elle pourrait se détériorer à partir de 2014 sous l’effet de l’accroissement de la masse salariale.
Il appartient donc désormais à la présidente de l’université de répondre à la proposition du ministère de travailler avec elle afin de redresser les comptes de l’université. Nous tendons la main à Montpellier III, à qui nous disons qu’il n’est pas nécessaire de sacrifier l’antenne de Béziers. Nous souhaitons travailler main dans la main avec cette université comme nous l’avons fait avec d’autres universités dont la situation était plus inquiétante. La main est tendue, dans le respect de l’autonomie des universités : à Montpellier de la saisir.