Intervention de Jean-Pierre Dufau

Réunion du 30 octobre 2013 à 9h45
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Pierre Dufau, rapporteur de la mission d'informatio :

Merci Madame la Présidente. Vos interventions démontrent que le coté passionnel existe toujours, en Algérie comme en France. Beaucoup de questions posées ont des réponses plus précises dans le rapport. Vous avez également apporté de nombreuses précisions, voire des commentaires, qui enrichissent le débat.

La croissance démographique est un élément important. Quelques précisions : le taux de fécondité est de 2,55, la population prévue fin 2013 est de plus de 39 millions. Les Algériens seront 46 millions fin 2025 et 55 millions en 2050. Ce ne sont que des prévisions mais elles montrent que la croissance démographique continue d'être très importante. Un autre élément important : 28% de la population a moins de 15 ans. C'est donc sur la jeunesse qu'il faut parier à moyen terme lorsqu'on parle de l'Algérie.

A propos d'Albert Camus, il nous semble que commémorer, en Algérie, le centenaire de sa naissance n'apparaît pas de nature à froisser la susceptibilité des Algériens qui reconnaissent sa stature et saluent les propos méditerranéens de son oeuvre.

Sur les questions de mémoire et d'histoire, il y a plus de 50 ans que la paix a été prononcée en Algérie. Il est normal que les archives soient désormais ouvertes aux historiens.

Sur les rapports avec le Maroc, l'affaire du Sahara Occidental bloque un certain nombre de dossiers comme cela a déjà été dit.

Sur la question du Sahel, le voyage de François Hollande a été déterminant sur l'évolution de la position de l'Algérie par rapport au terrorisme au Sahel. Ce geste fait en faveur de la France ne l'a pas été en faveur de la MINUSMA, dont les troupes ne peuvent pas transiter par l'Algérie.

Sur les questions économiques, avec Nicole Bricq, les rapports sont en train de se développer sur les dossiers de commerce extérieur. La colocalisation et le codéveloppement se mettent en oeuvre. Le 27 novembre aura lieu un comité mixte économique franco-algérien. Les choses avancent, mais à petits pas, et je crains que les évolutions ne seront pas aussi rapides que nous le souhaitons.

La présence chinoise, de plus en plus importante, n'est pas très bien ressentie : la population algérienne n'apprécie pas cette présence qui ne dépense pas d'argent en Algérie.

Je pense qu'il y a dans le domaine agricole, dans le domaine industriel, dans le domaine de la formation professionnelle, beaucoup de choses à faire entre la France et l'Algérie. Il y a des besoins de formation énorme pour les métiers du tourisme, mais aussi pour les métiers de l'agriculture. Dans ce cadre, la vingtaine d'institut de technologies sera un élément déterminant comme les rapports avec les universités françaises. Il faut à la fois savoir privilégier la langue française en Algérie mais aussi reconnaître l'importance de la langue arabe en France et, pourquoi pas, renforcer l'enseignement de la langue arabe dans les universités françaises.

Sur les frustrations de la société civile et notamment de la jeunesse, je ne peux que partager votre analyse : c'est vrai que la demande de visas est récurrente. La proposition d'un Erasmus euro-méditerranéen peut être un premier élément de réponse dans le cadre de l'office franco-algérien de la jeunesse avec les remarques intégrées de Philippe Cordery sur ce sujet. Quant à l'exemple donné par Jean-Paul Baquet et Jean-Marie Le Guen, il est caractéristique sur la façon dont elles sont traitées et il faut le faire évoluer. Ceci ne peut se faire que réciproquement : on n'est pas tout seul à décider en la matière et il faut persévérer.

Sur la condition féminine, elle évolue lentement, trop lentement, mais il existe des associations remarquables, comme le CIDDEF (Centre d'Information et de Documentation sur les Droits de l'Enfant et de la Femme) ou comme des associations de jeunes qui essaient de faire évoluer les choses. C'est une longue patience, ou une longue impatience…

En conclusion, je considère qu'il faudra toujours avoir la juste attitude vis-à-vis de l'Algérie, être non seulement ouvert sur nos préoccupations mais aussi sur les siennes. J'espère que nous entrerons rapidement dans une nouvelle page de l'histoire de l'Algérie lorsque la jeunesse aura pris davantage d'importance. A nous de la préparer et de nous y préparer.

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