Intervention de Christophe Blot

Réunion du 11 octobre 2012 à 10h30
Mission d'information sur les coûts de production en france

Christophe Blot, directeur adjoint du département de l'analyse et de la prévision de l'OFCE :

Dans ce contexte, il appartient à l'État de veiller à ce que le dialogue social se déroule bien et soit équilibré.

Ensuite, pouvons-nous nous inspirer de l'internationalisation des entreprises allemandes ? Les entreprises françaises ont développé une stratégie internationale qui se distingue de l'approche allemande et qui porte elle aussi ses fruits : elles réalisent des investissements directs à l'étranger et en tirent des dividendes assez élevés – 1,9 % du PIB en 2011 – dont une grande partie est réinvestie. Une stratégie à l'allemande est-elle souhaitable, et est-elle même possible ? L'Union pour la Méditerranée pourrait-elle jouer le même rôle que l'élargissement à l'Est pour l'Allemagne ?

L'innovation s'est développée en Allemagne au cours des années 2000. Alors que les deux pays consacraient auparavant le même pourcentage de leur PIB aux dépenses de recherche-développement, l'Allemagne a continué d'accroître son effort tandis que la France stabilisait le sien. En la matière, l'interconnexion des entreprises est essentielle, de même que l'articulation entre secteurs public et privé. La recherche et l'innovation peuvent s'appuyer en France sur plusieurs outils – les pôles de compétitivité, le crédit d'impôt-recherche, Oséo, Ubifrance, la future Banque publique d'investissement (BPI) – qu'il faudrait peut-être adapter et assurément faire agir en synergie.

Enfin, l'on ne peut faire abstraction du contexte macroéconomique. Or l'économie, en France et chez la plupart de ses partenaires de la zone euro, souffre de la faiblesse de la demande, qui résulte en partie des efforts de consolidation budgétaire. L'Allemagne fait encore exception, mais elle est de plus en plus concernée par la restriction de la demande extérieure, et sa demande intérieure est freinée par des facteurs plus structurels.

En outre, l'exemple allemand le montre, les mesures destinées à relancer la croissance mettent du temps à porter leurs fruits. Entre 1999 et 2006, alors même que l'Allemagne gagne en compétitivité, la croissance moyenne du PIB par tête est sensiblement la même dans les deux pays. La compétitivité n'est pas tout : c'est l'un des moyens de la croissance, laquelle reste l'essentiel. Alors qu'au cours des années 2000 la croissance était forte dans le monde et dans la zone euro, les réformes structurelles en cours pèsent aujourd'hui sur une demande déjà très affaiblie, et devraient limiter les effets attendus d'un choc de compétitivité. Ainsi, l'Irlande, pays très ouvert, qui a beaucoup réduit ses coûts de production dès le début de la crise, n'est toujours pas sortie de la récession, parce que la demande intérieure et de ses partenaires commerciaux est atone.

En somme, une croissance durable s'appuiera sur la recherche et l'innovation, qui amélioreront la productivité. La maîtrise des coûts sera probablement secondaire, mais la compétitivité sera accrue.

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