Intervention de Jean-Paul Bailly

Réunion du 17 octobre 2012 à 10h00
Commission des affaires économiques

Jean-Paul Bailly, président-directeur général du groupe la Poste :

Si l'on met de côté les grands intégrateurs internationaux, DHL, Fedex et UPS, qui pratiquent un autre métier – la logistique lourde, internationale – et la poste allemande, la poste française est devenue une référence et elle est l'un des acteurs qui font envie plutôt que pitié.

Cependant, aucune poste au monde n'est devenue un grand acteur du numérique, du type Google ou Yahoo. Certains diront qu'elles ont toutes été très mauvaises. En réalité, il s'agit de métiers fort différents. Le numérique demande des capacités de développement et d'investissement qui ne sont pas à la portée même des postes les plus dynamiques et les plus riches. Je fais cependant remarquer que laposte.net a 3 millions d'adresses et que les utilisateurs en sont satisfaits. C'est un acteur numérique de qualité, particulièrement sérieux, qui évite les écarts en termes de publicité et dont le site apporte des éléments complémentaires intéressants. Elle s'est ainsi fait une véritable place de service public.

Lorsque j'ai évoqué la situation que connaîtrait La Poste en 2012 si elle avait conservé les structures de coûts de 2002, cela n'avait rien à voir avec le changement de statut ou avec l'augmentation de capital. Ma réflexion portait simplement sur le compte d'exploitation : si, en 2012, les coûts étaient les mêmes qu'en 2002, actualisés avec l'inflation, et si les recettes étaient celles d'aujourd'hui, nous connaîtrions un déficit d'exploitation de 1,5 milliard d'euros.

Plusieurs questions ont porté sur les missions de service public. Le contrat vient à échéance à la fin 2012. Nous avons mis en place quatre groupes de travail avec l'État. Chacun est consacré à l'une des missions de service public : la distribution du courrier, l'accessibilité territoriale, l'accessibilité bancaire et la distribution de la presse. Un cinquième groupe transversal est chargé de la coordination de l'ensemble. Ces discussions sont déjà cadrées par des accords précédents et il s'agit surtout de réfléchir aux évolutions possibles en termes de qualité, de périmètre, d'activité. Nous devrions aboutir à des conclusions à la fin de l'année.

Je n'ai pour le moment perçu aucun signal d'alerte concernant le financement de la présence territoriale. Mais, comme il dépend des lois de finances, il faut rester vigilant.

Il est vrai que la construction du J+1 nous oblige à une certaine souplesse dans les horaires de levée du courrier. En fait, nous ne disposons pas de vingt-quatre heures, mais d'une douzaine d'heures, et nous passons par un réseau national qui utilise l'avion et les autoroutes. Or, contrairement à ce que l'on pourrait penser, ce réseau a été ralenti depuis quelques années, tant par les limitations de vitesse sur les autoroutes que par les mesures de sécurité dans les aéroports. On imagine que notre monde est de plus en plus rapide : en l'occurrence, ce n'est pas le cas. D'un point à l'autre, le réseau national a perdu entre une heure et demie et deux heures. Si l'on veut maintenir le J+1, on est bien obligé de jouer sur l'une des deux bornes, l'heure de la collecte ou celle de la distribution.

Des agences postales communales dont le volume d'activités a beaucoup augmenté peuvent devenir des bureaux de poste à part entière. La réversibilité est donc possible, par exemple dans le cadre d'un développement suburbain, lorsqu'une activité postale a démarré dans une mairie annexe et que l'accroissement de la population justifie la création d'un bureau de poste.

Les 170 millions d'euros ne sont pas financés par La Poste, mais par un allégement fiscal. Ils ne relèvent donc pas d'une décision de La Poste.

Quant aux 5 000 emplois, peut-être y aura-t-il, au départ, des étapes de CDD ou d'emplois d'avenir, mais ils ont vocation à être des CDI.

L'activité des bureaux de poste est une manière sûre de garantir leur utilité, leur pérennité et, donc, la présence postale. Cela passe par le développement des offres de téléphonie mobile, mais aussi par celui des colis ou de la banque.

S'il existe un accord sur la langue bretonne, il doit être respecté, et je vais m'en assurer.

Les négociations sur la pénibilité et l'organisation du travail font partie de celles qui sont en train de démarrer.

Enfin, la disposition concernant Mediapost était nécessaire pour sécuriser son activité par rapport à ses concurrents, mais en aucun cas nous n'avons l'intention de développer une sorte de courrier low cost au travers de Mediapost. Je vous donne l'assurance que cette licence ne sera pas utilisée pour de la distribution low cost de courrier adressé.

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