Monsieur le ministre de la défense, la République centrafricaine compte parmi les pays les plus pauvres au monde. En proie à une guerre civile plus ou moins larvée depuis plusieurs années, voire plusieurs décennies, elle s’enfonce chaque jour un peu plus dans le chaos. L’État central n’existe plus. Des pans entiers du pays, notamment le nord-est, dans la région de Birao, dite « zone des trois frontières », échappent à tout contrôle des autorités de Bangui depuis une dizaine d’années. Cette région est devenue une zone grise où prospèrent des bandes armées autour du Selaka, avec pillages, exactions et viols en tous genres.
Le spectre du génocide interethnique et religieux n’est pas loin.
Comme elle l’a fait dans le nord du Mali, la France ne pouvait rester insensible à l’émergence d’une telle zone de non-droit et au triste sort des populations civiles. L’UDI soutient l’initiative de la France d’augmenter, pour atteindre le millier, notre contingent de 450 hommes sur place, actuellement les parachutistes du 8e RPIMA de Castres, régiment que vous avez du reste visité il y a quelques jours.
Toutefois, nous nous interrogeons sur le cadre juridique de cette intervention, notamment sur la résolution des Nations unies nous y autorisant et sur la capacité des forces africaines à se déployer rapidement et efficacement sur le théâtre, surtout lorsqu’on voit les difficultés de la MINUSMA au Mali.
Nous nous demandons également ce que va faire l’Europe et quelle est la nature des contacts pris avec nos alliés pour qu’ils puissent nous soutenir – militairement, logistiquement ou financièrement – dans cette opération.
Le jour même où l’Assemblée nationale engage le débat sur une loi de programmation militaire lourde d’incertitudes, cela démontre plus que jamais que la défense doit être une priorité politique et budgétaire pour le pays !