Je centrerai mon propos sur l'offre régionale de France Télévisions.
Dans la synthèse du rapport d'exécution du COM pour l'exercice 2012 que nous examinons ce matin, vous rappelez le point fondamental de différenciation du service public, ignoré des chaines commerciales : la mission de proximité et de présence territoriale. Il est indiqué que cette mission s'est poursuivie en 2012, notamment par le renforcement de l'offre régionale sur France 3, le volume de diffusion régionale atteint en 2012 ayant été de 19 800 heures. Cette progression traduit l'un des objectifs majeurs du COM 2011-2015, qui était de redonner de la visibilité aux régions sur France 3.
Mais il convient de relativiser cette forte hausse, qui est suivie d'une décélération et d'une stabilisation à 17 000 heures de diffusion pour la période 2013-2015. En effet, quand on en analyse le mécanisme, on se rend compte que cette augmentation s'explique en partie par une nouvelle organisation des décrochages régionaux qui permet de proposer des émissions régionales sur les vingt-quatre antennes. Elle résulte également de l'ouverture de nouvelles cases le matin entre 9 heures et 11 heures, alors que l'année 2010 avait été marquée par le transfert de cette case matinale au programme national. L'accent a enfin été mis sur les prises d'antennes événementielles.
On peut s'interroger sur cette évolution. Ne tient-elle pas du trompe-l'oeil, un même programme pouvant être diffusé plusieurs fois ou sur plusieurs antennes ? Rediffusions et multidiffusion accroissent certes le volume horaire diffusé mais sans que l'offre de proximité en soit réellement améliorée, et elles ne contribuent pas à offrir des programmes faits par les régions pour les régions.
Aussi, contrairement aux objectifs affichés, on ne constate ni volonté affirmée de revalorisation ou d'enrichissement des programmes régionaux, ni amélioration réelle de leur exposition. Ces programmes sont diffusés sur des créneaux fortement limités et à des horaires difficilement accessibles qui ne permettent pas de rencontrer le public de façon satisfaisante. J'ajoute qu'en 2012, la part de l'offre régionale dans les programmes de France 3 demeurait réduite à la portion congrue de 11,5 %.
Il faut repenser l'identité de France 3 en inversant la logique actuelle pour en faire une chaîne régionale avec des décrochages nationaux. Les observateurs soulignent, unanimes, que les antennes régionales de France 3 peuvent produire davantage à moyens constants. France Télévisions dispose des atouts nécessaires à sa transformation : la richesse que lui confèrent celles et ceux qui fabriquent la télévision publique aujourd'hui. Le maillage territorial exceptionnel dont dispose la chaîne est un immense potentiel. Loin de constituer le problème majeur de France Télévisions, le réseau France 3 constitue toujours un atout majeur, à condition que l'on se décide à le valoriser et à y croire réellement.