Intervention de Barbara Pompili

Réunion du 20 novembre 2013 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBarbara Pompili :

Quelques mots sur le malaise au sein de France Télévisions. La grève organisée il y a quelques jours témoigne des craintes et des oppositions aux suppressions de postes annoncées, à la polyvalence imposée, aux fermetures de services. Il est vrai que la situation du groupe est préoccupante, et que la diminution de la dotation budgétaire n'aide pas. Le groupe écologiste, vous le savez, est favorable à l'augmentation de la redevance et nous nous félicitons des premières avancées concernant la possibilité pour France Télévisions de détenir des parts de producteur dans les oeuvres qu'il a financées pour partie. Ce financement par la création est une première étape, et nous rappelons notre opposition au maintien de la publicité. J'aimerais des précisions à ce sujet, car je n'ai pas parfaitement compris si le manque de recettes publicitaires pour l'exercice 2013 sera de 10 ou de 40 millions d'euros. Il semble par ailleurs que les problèmes de trésorerie de France Télévisions rendraient inévitables de nouveaux emprunts garantis par l'État ; est-ce le cas ? Enfin, dans quelles conditions exactes le groupe France Télévisions a-t-il perdu le marché de La Française des jeux, perte dont le rapporteur pour avis évalue l'impact entre 10 et 12 millions d'euros ?

Les lacunes et le pilotage inexistant des précédents plans de départs volontaires ne doivent pas se reproduire. Les risques psycho-sociaux ne doivent pas être minorés et, comme le suggère Martine Martinel dans son rapport sur le projet d'avenant au COM, un dispositif de suivi précis doit être instauré. Le dialogue social doit être exemplaire et nous vous faisons confiance pour qu'il en soit ainsi. Ainsi que je l'ai dit l'année dernière, ni les personnes, ni les conditions de travail – lesquelles tendent trop souvent à se dégrader en ces circonstances – ne doivent servir de variables d'ajustement. La création de l'entreprise unique s'est déjà accompagnée de nombreuses restructurations et réorganisations souvent douloureuses.

La situation de France 3 est préoccupante. Alors que cette chaîne doit être celle des régions, la part de l'offre régionale dans ses programmes a été de 11,5 % seulement en 2012 et les programmes régionaux sont diffusés dans des créneaux horaires peu favorables. Le regroupement des treize directions régionales en quatre pôles n'a pas été sans conséquences : relâchement des liens avec les territoires, réduction de la responsabilité territoriale des antennes, regrettable diminution des prises d'antenne événementielles. Les éditions locales servent de variables d'ajustement et c'est inacceptable. Les arbitrages financiers ne doivent pas se faire au détriment de l'offre de proximité : cette demande répétée est soutenue par le groupe écologiste qui attend de France Télévisions de nombreux progrès à cet égard.

Je rappelle la nécessité de mieux marquer l'identité des chaînes de France Télévisions ; c'est un autre des objectifs du COM sur lesquels la marge de progression est immense. Il faut mieux différencier France 2 et France 3, cette dernière devant être la chaîne des territoires et non une chaîne nationale de seconde zone avec des décrochages régionaux.

Des progrès sont nécessaires pour conforter l'audience de France 4 par la jeunesse.

Pourriez-vous nous en dire davantage sur le contenu de la plateforme éducative multimédias France TV Éducation lancée en 2012 ?

Comme l'indique le comité permanent de la diversité (CPD) de France Télévisions dans son rapport pour 2012, France Ô ne doit pas être un « alibi diversité » pour l'ensemble du groupe.

Il revient aussi à France Télévisions de mieux promouvoir le handisport et le sport féminin. D'une manière générale, le service public de l'audiovisuel doit refléter la diversité de notre société mieux qu'il ne le fait, traiter davantage des homosexuels, des minorités telles que les Roms, et aussi des personnes handicapées. L'accessibilité des programmes aux personnes aveugles, malvoyantes, sourdes et malentendantes a-t-elle progressé ?

Pour ce qui est de la place et de la visibilité des femmes, la marge de progression demeure immense. Le rapport pour 2012 du CPD est accablant : dans les journaux télévisés de France 2 et de France 3, elles ne représentent que 16,5 % des experts, contre 23 % sur TF1, et la proportion d'expertes n'est que de 7 % dans l'émission C dans l'air. Le service public ne devrait-il pas être exemplaire sur ce sujet ?

Concernant les programmes culturels, il faut aller plus loin et c'est peut-être sur l'ambition des objectifs qu'il faut s'interroger. De même, au-delà de l'objectif chiffré d'heures de diffusion, il faudrait s'intéresser aux créneaux horaires choisis.

Pour conclure, j'insiste, comme l'avait fait notre collègue Martine Martinel, sur la nécessité d'instaurer un suivi plus précis de la gestion du groupe et de la réalisation des engagements pris dans le COM.

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