Intervention de Rudy Salles

Réunion du 20 novembre 2013 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRudy Salles :

En septembre dernier, la commission des affaires culturelles et de l'éducation a eu l'occasion d'évoquer la situation de France Télévisions en donnant son avis sur le projet d'avenant au COM. Mais, malgré l'excellent travail de notre rapporteure pour avis et en dépit des efforts constants du président de la Commission, les conditions d'un vrai débat, pourtant indispensable, n'étaient pas réunies. Je me félicite donc que nous puissions approfondir la réflexion avec vous, monsieur Pflimlin, au regard du bilan 2012.

L'année 2012 a été une année exceptionnelle pour France Télévisions, avec un niveau d'investissement important et des succès d'audience liés d'une part aux événements exceptionnels que vous avez cités, d'autre part à de nouvelles offres numériques telles France TV Info. Néanmoins, le groupe UDI est inquiet.

Inquiet d'abord pour France 3, la chaîne du lien social et territorial. À l'heure où vous devez procéder à des coupes budgétaires drastiques, où ferez-vous passer la lame pour qu'elle ne rogne pas trop sur la proximité ? La même question se pose pour les territoires d'outremer.

Inquiet également de savoir ce qu'il adviendra de l'offre culturelle : la création, la fiction, le documentaire, le spectacle vivant, l'animation. En 2011, l'investissement dans la production audiovisuelle atteignait 416 millions d'euros, et près de 63 millions d'euros pour le soutien au cinéma. Mais, pour la période 2013-2015, les commandes d'oeuvres aux producteurs extérieurs s'établiront à 400 millions d'euros par an, et l'investissement dans les films français tombera à 57 millions.

Inquiet aussi que le sport doive se serrer dangereusement la ceinture, avec un budget en chute de 12 % entre 2012 et 2015. Inquiet du reflux des recettes publicitaires par rapport aux prévisions faites en 2011. Inquiet bien sûr pour les personnels car la réduction des effectifs est au coeur des économies recherchées, même s'il s'agit d'un plan de départs volontaires non remplacés portant sur 361 postes, dont 90 postes de journalistes.

Enfin, nous sommes inquiets parce que le plus dur est encore à venir : le groupe France Télévisions doit faire face cette année à une baisse de sa dotation publique de 85 millions d'euros par rapport à 2012 et, avant un retour prétendu à l'équilibre en 2015, votre budget prévoit de lourdes pertes en 2013 et 2014, avec une diminution des ressources prévisionnelles à l'horizon 2015 en baisse de 10,5 % par rapport au COM initial. En bref, France Télévisions semble entrer dans une période de glaciation budgétaire qui aboutira inéluctablement au racornissement des périmètres et du contenu de ses missions. Quels nouveaux moyens de financement imaginer ? En particulier, envisage-t-on la possibilité pour France Télévisions de détenir des droits de coproduction dans les oeuvres indépendantes que le groupe finance à plus de 30 %, comme le recommande le sénateur Jean-Pierre Plancade dans son excellent rapport ? Et quid d'une « taxe Google » ?

Quelle est votre stratégie pour garantir que le plus grand nombre d'émissions proposées par le groupe seront fabriquées en France ? Quelle grande ambition avez-vous pour une vraie télévision régionale ? Quel est votre projet pédagogique, en lien avec l'éducation nationale – projet qui pourrait peut-être contribuer à combler les grands vides de la réforme des rythmes scolaires ?

Le groupe UDI est convaincu qu'une trajectoire financière n'est pas nécessairement synonyme d'une sortie de route culturelle et que la difficulté est souvent la condition du rebond. Aussi, en attendant la loi sur l'audiovisuel promise, nous comptons sur vous, monsieur Pflimlin, pour identifier les voies et les moyens nouveaux du maintien de l'exigence républicaine en matière audiovisuelle et de l'exception culturelle française.

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