L'inquiétude du groupe RRDP face à la situation de France Télévisions est à la mesure de son très fort attachement au service public de l'audiovisuel. L'inquiétude tient tout d'abord à la situation financière du groupe. L'atonie du marché publicitaire laisse penser qu'une grave erreur a été commise en 2009, lorsqu'il a été décidé, en pleine crise économique et alors que le budget de l'État était déjà très contraint, de supprimer la publicité des écrans de l'audiovisuel public après 20 heures, entraînant pour l'État un coût de plus de 700 millions d'euros. C'est de cette décision que résultent en grande partie les difficultés actuelles. Notre inquiétude tient aussi à ce que depuis la signature du COM de France Télévisions, et en dépit des mises en garde de voix autorisées, dont celle de notre collègue Martine Martinel, sur les risques que cela induirait, six nouvelles chaînes ont reçu l'autorisation d'émettre sur la TNT – et le marché de l'audiovisuel s'en trouve effectivement déséquilibré. Mais il fallait précipitamment donner cette autorisation. Nous n'avons pas été entendus et force est de constater que le marché, de fait, s'en trouve déstabilisé. Les intentions énoncées dans le COM 2011-2015 étaient bonnes, mais celui-ci était fondé sur des hypothèses de recettes publicitaires et publiques irréalistes dont on voit l'effet maintenant.
Certes France 2 est parvenue à sortir indemne du marasme général, bien qu'une succession de cinq directeurs en quelques années n'ait pas été un élément stabilisateur. Mais sur le fond, alors que l'appétence pour les chaînes thématiques est manifeste, la stratégie généraliste voulue pour France 2 ne doit-elle pas être mise en cause ?
Pour France 3, le groupe RRDP souscrit à l'avis de notre collègue Stéphane Travert : il faut faire de France 3 une chaîne régionale avec des décrochages nationaux. Après une longue période de baisse, la part d'audience de France 3 s'est stabilisée en 2012, mais une place marginale continue d'être accordée aux programmes régionaux, souvent diffusés à des horaires inaccessibles. Comment renforcerez-vous l'identité régionale de France 3 ? La qualité éditoriale du Grand Soir 3 est unanimement reconnue, mais la conception de ce journal contredit le principe même de régionalisation puisque la majorité des reportages est faite par une rédaction nationale.
Sur France 4, dont la part d'audience est très faible, vous souhaitez développer des programmes d'animation à l'intention des enfants, ce que fait déjà la chaîne Gulli. Mais est-il vraiment judicieux de faire un Gulli bis ? L'avenir de cette chaîne ne laisse pas d'inquiéter, d'autant que, tout en évoquant une politique musicale active, vous avez supprimé des émissions dont la qualité n'était plus à prouver, telles Chabada et Taratata.
D'une manière générale, les organisations syndicales du groupe s'inquiètent d'une éventuelle ambiguïté entre le plan de départs volontaires que vous avez annoncé et un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) : s'il n'y a pas de volontaires au départ, ou s'ils ne sont pas assez nombreux, ne serez-vous pas obligé de lancer un PSE ?
Enfin, j'ai eu du mal à comprendre, en vous écoutant, les fluctuations des charges de personnel. De même, vous avez indiqué avoir réduit les dépenses de fonctionnement, mais si l'on s'en tient au tableau qui figure en page 95 du rapport d'exécution du COM pour 2012, elles ont augmenté. Pourriez-vous préciser ce point ?