Comme mes collègues, je suis inquiète pour l'avenir de France 3, et je vais me faire la porte-parole des journalistes qui présentent, jour après jour, la vie de nos régions. Depuis plusieurs années, expliquent-ils, les équipes sont sous le joug d'économies drastiques, qui se traduisent par le non-remplacement des personnels, un matériel vieillissant et des éditions réalisées à moyens constants, toujours sur le fil du rasoir, avec tous les risques que cela implique. « Lors de la création de la locale, nous étions douze – un rédacteur en chef, quatre journalistes reporteurs d'images (JRI), quatre rédacteurs, deux monteurs et une assistante, soit quatre équipes rédactionnelles. Durant l'année 2012, nous avons fonctionné à 1,8 équipe en rédaction ». « Nous savons », poursuivent-ils, « que les économies sont essentielles, mais les transformer en " non-dépense " est une démarche contre-productive. Nous avons le sentiment profond que tout le monde ne joue pas le jeu et que notre encadrement bénéficie des rigueurs que nous subissons. La somme des parts variables dans les rémunérations dont nous avons eu connaissance est à la limite de l'indécence : près d'un million d'euros de primes pour l'encadrement du pôle Sud-Ouest, alors que nous avons les pires difficultés à joindre les deux bouts au sein de la rédaction. De plus, nous n'avons aucune indication sur les perspectives permises par les économies réalisées. Quel sera le futur des locales et quelle est leur identité ? Quels sont les moyens mis en oeuvre pour faire vivre ces unités identifiées par les téléspectateurs ? »
Tout autre chose maintenant. Une journaliste qui intervient dans le service public de l'audiovisuel a jugé bon de publier dans un tweet – qu'elle a retiré très vite, c'est vrai – la photo d'une mendiante rom vêtue de loques, assortie de la légende « Leonarda de retour en France pour la fashion week ». J'appelle l'attention sur les conséquences dangereuses d'un tel message. Le service public de l'audiovisuel est à la fois un miroir et un modèle pour notre société. Alors que les valeurs sont de plus en plus floues, que l'on ne respecte plus ni les célébrations du 11 Novembre, ni les personnes au motif de la couleur de leur peau, je demande que la vigilance et la déontologie des journalistes soient irréprochables.