Tout d'abord, en ce qui concerne l'Agence internationale d'images de télévision (AITV), l'activité doit être maintenue. C'est l'intention du quai d'Orsay qui, via Canal France International (CFI), finance cette activité de coopération avec les pays africains. Toutefois, j'aimerais faire part d'un triple constat en ce qui concerne France Télévisions. Premièrement, nous souffrons d'un déficit structurel concernant l'AITV. Nous avons aujourd'hui une subvention du quai d'Orsay via CFI d'à peine 1,5 million d'euros (subvention qui s'élevait à 2 millions d'euros il y a deux ans), et une subvention de 200 000 euros de France 24. La subvention totale s'élève donc à 1,7 million d'euros pour un budget d'environ 5,6 millions d'euros. Ce déficit ne cesse de s'aggraver puisque les subventions publiques ne cessent de diminuer. Deuxième point, le quai d'Orsay, via CFI, ne souhaite plus que la coopération avec les pays africains se fasse sous forme de livraison de sujets prêts à diffuser, mais qu'il y ait un transfert de savoir-faire vers ces pays. Il faudra donc alléger le dispositif tel qu'il existe actuellement à Malakoff pour renforcer la coopération avec les pays africains. Dernier point, les missions de France Télévisions ont évolué dans un environnement qui n'est plus le même par rapport à la période de création de l'agence. Lors de la création de l'AITV, France 24 n'existait pas encore et l'AFP vidéo ne s'était pas encore développée. L'AFP développe en effet ses services sur l'Afrique, services auxquels certaines chaines africaines se sont abonnées. Ces services se substituent alors aux produits fournis par l'AITV. Ces trois constats nous ont amené à envisager l'arrêt de cette activité à l'intérieur de France Télévisions et à entamer des discussions avec l'AFP.
En ce qui concerne les emplois d'AITV, nous nous sommes engagés à redéployer l'intégralité des vingt-huit journalistes permanents au vu des besoins nouveaux. Il y a en effet une forte demande de services émanant des stations d'outre-mer pour alimenter les journaux des Outremer Premières, et nous pensons qu'il est important de redéployer une partie de ce personnel vers ces besoins. Il y a aussi des besoins sur le numérique, notamment pour développer France TV Info et pour faire mieux en matière de diffusion sur Internet des vidéos que nous produisons tous les jours.
Vous avez demandé en ce qui concerne l'AITV un audit indépendant et je suis en accord avec vous sur ce point. Je souhaite la tenue d'un audit indépendant pour que soit rendues publiques les données financières et budgétaires.
Ensuite, concernant le rapprochement des rédactions de France 2 et de France 3, nous avons beaucoup avancé depuis la précédente audition. D'ici avril 2014, les deux rédactions seront pleinement intégrées et numérisées. D'importantes synergies techniques en sont attendues. Nous prévoyons au premier trimestre 2015 de rendre publics un projet et un calendrier de création de la rédaction unique de France Télévisions. Nous espérons être au rendez-vous pour 2015 afin de pouvoir avancer sur ce projet destiné à promouvoir la diffusion d'informations de qualité et à développer l'information dans l'univers numérique. C'est un objectif ambitieux car les rédactions de France 2 et de France 3 se sont souvent construites en opposition. Il existe deux cultures de travail entre ces rédactions, qui sont différentes mais nécessaires pour créer une nouvelle culture d'entreprise. Un certain nombre d'années sera nécessaire pour rendre pleinement opérationnelle cette rédaction unique.
L'échec constaté sur France 2 d'une émission ne doit pas masquer les réussites d'audience, mais aussi les difficultés structurelles de France 2 l'après-midi. Au cours des dix dernières années, seules trois émissions sur dix ont dépassé la barre des 10 points d'audience. Ce n'est donc pas un phénomène nouveau, et il est clair que France 2 a un problème pour cette plage horaire qu'il convient de repenser en profondeur. Nous devons dès lors investir davantage dans les contenus de l'après-midi pour aller chercher de nouvelles recettes publicitaires. Ma conviction est que France 2 est une chaîne importante, la première au sein du bouquet du service public, qui doit être à la fois populaire mais aussi exigeante. Elle doit avoir pour ambition de rassembler le plus grand nombre de téléspectateurs, tout en choisissant des programmes ambitieux et audacieux. Il faut trouver un équilibre entre l'exigence de rassemblement et celle de valeur ajoutée de service public. Ainsi, sur les après-midi de France 2, nous allons tenter à partir de janvier de reconstituer une offre cohérente répondant à ces critères pour pouvoir reconquérir une partie des audiences.