Ma question s’adresse à M. le ministre du redressement productif. Elle porte sur la fermeture annoncée, il y a quelques jours, de la filiale réunionnaise de la compagnie américaine Colgate-Palmolive. Spécialisée dans la fabrication de produits ménagers d’entretien, la Société industrielle de Bourbon, la SIB, créée il y a trente-cinq ans, a décidé de cesser son activité de production dans l’île, au motif du niveau trop élevé des coûts de fabrication et d’une moindre compétitivité du site. De confortables dividendes ont toutefois été versés, y compris en 2012.
Au nom des économies d’échelle, les produits destinés au marché réunionnais devraient désormais être fabriqués dans la plus importante usine d’Europe du groupe, située à Compiègne, avant d’être exportés à plus de 10 000 kilomètres, en dehors de toute considération relative aux circuits courts de distribution et aux bilans carbone.
Cette délocalisation devrait s’opérer au détriment des trente-deux salariés de l’usine, dont les deux tiers ont plus de 45 ans, et des nombreux sous-traitants. Sur un marché du travail où le taux de chômage atteint 30 %, il est facile d’imaginer que leurs perspectives de réinsertion locale sont plus que limitées.
Cette décision remet également en cause le modèle d’import-substitution développé avec succès à la Réunion durant ces dernières décennies. Elle pose la question des stratégies des multinationales dans les régions d’outre-mer, surtout lorsqu’elles bénéficient des dispositifs publics de soutien à l’emploi. De fait, la Société industrielle de Bourbon a perçu 320 000 euros au titre des exonérations de cotisations sociales.
La sauvegarde de l’emploi et la préservation de l’outil de production sont au coeur des préoccupations du ministère du redressement productif. L’un et l’autre sont en danger dans cette usine. Les salariés de la Société industrielle de Bourbon sont les premières victimes des restructurations du géant américain. Seront-ils les premiers bénéficiaires de votre intervention directe à La Réunion ?