Madame la présidente, monsieur le ministre, hier, François Fillon, dans sa motion de rejet, a souligné les faiblesses de la loi de programmation militaire, à l’instar de nombreux orateurs. Je n’y reviendrai donc pas. Je préfère user d’un autre registre, assez proche de celui de François Cornut-Gentille.
Quelle est la situation ? Pour les uns dont vous faites partie, j’en suis certain, monsieur le ministre, préserver notre capacité de défense est essentiel. Pour d’autres, qui constituent hélas une bonne partie de la majorité, se contenter d’un service minimum en la matière serait bien suffisant.
Le noeud du problème est là : comment, dans les six années à venir, préserver les moyens programmés dans cette loi des appétits sournois du ministère des finances ?
Permettez-moi de vous proposer quelques idées.
Première idée : il faut répéter partout, et nous le ferons avec vous, que les dépenses d’armement sont des dépenses économiquement vertueuses.
Établir le budget de la défense selon une vision excessivement, voire exclusivement, comptable est une faute économique. C’est oublier l’essentiel. En effet, ces dépenses d’équipement, vitrine de la haute technologie « Made in France », sont quadruplement vertueuses : elles génèrent de l’investissement productif, de la recherche et développement, de l’emploi industriel ainsi que des recettes fiscales et sociales. Elles ont donc globalement, pour la nation, un coût net bien plus modeste que le coût brut apparent. Or, de toute évidence, le ministère des finances ne s’intéresse qu’au coût brut et au court terme.
Posons-nous la bonne question. En matière d’industrie de défense, la France excelle, elle est technologiquement en pointe. Elle exporte beaucoup. Est-il bien raisonnable de compromettre le développement de cette filière d’avenir et de nos capacités sur un marché porteur au moment où tous les pays émergents s’équipent ? Je pense que non.
D’ailleurs, ne doit-on pas s’interroger sur les motivations réelles des Allemands ? Ils augmentent, eux, leur budget de la défense et passent devant nous au moment précis où la demande internationale en produits de haute technologie s’accroît ? Curieux hasard. Ensemble, ouvrons les yeux !
J’en viens à ma deuxième idée.
Monsieur le ministre, puisque vos prédécesseurs ont fait le nécessaire, est-il raisonnable de continuer à supprimer des postes de militaires du rang au risque de se trouver en rupture capacitaire en cas de crise ?
Hier vos amis ont bien à tort brocardé François Fillon, lorsqu’il faisait un parallèle entre militaires du rang et emplois d’avenir. Et pourtant ! Où est la logique de ce gouvernement dont un ministre crée des emplois, fort improprement dits d’avenir, pris en charge désormais à 95 % par l’État, …