C’est exactement l’inverse, soit dit en passant, monsieur le ministre, de ce que nous faisons au Mali. L’intervention est longue, difficile et s’inscrit dans la durée, car nous essayons d’y reconstruire un État, ce qui était la politique américaine il y a une dizaine d’années. On en connaît les résultats et je vous incite à y réfléchir. Si nécessaires que soient les opérations de ce genre, je doute qu’elles soient tenables à long terme. Le vide américain, ironie de l’Histoire, remet en question l’existence même de l’alliance atlantique alors même que la France en réintègre le commandement intégré, selon un processus que vous avez d’ailleurs poursuivi, monsieur le ministre. Un vide européen vient, hélas ! s’y ajouter.
On parle depuis longtemps de défense européenne. Nous approchons du fameux sommet européen de décembre et, au fond, trois mots caractérisent l’Europe de la défense aujourd’hui, comme nous le disions ce matin en commission des affaires étrangères : dénucléarisation, désarmement budgétaire unilatéral – car tous les pays sont en dessous ou autour de 1 % du PIB, sauf la Turquie – et tentation de la neutralité. En effet, quel est le rêve secret des Européens ? Pendant la Guerre froide, comme l’a dit Kissinger, c’était de voir passer les missiles américains et soviétiques au-dessus de leurs têtes. Aujourd’hui, le rêve des Européens, c’est simplement qu’on les oublie ! C’est la neutralité ! Nous voulons devenir suisses, gros et gras, et qu’on nous laisse tranquilles !