Intervention de Bérengère Poletti

Séance en hémicycle du 27 novembre 2013 à 21h30
Loi de programmation militaire 2014-2019 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBérengère Poletti :

Monsieur le président, madame la présidente de la commission de la défense nationale et des forces armées, mesdames, messieurs les rapporteurs, monsieur le ministre de la défense, mes chers collègues, la loi de programmation militaire est un exercice capital pour la défense car elle fixe pour les cinq années à venir les grandes orientations stratégiques, politiques, budgétaires et industrielles d’un secteur dédié à la défense du pays et au soutien de nos valeurs démocratiques et républicaines. Mais les conséquences de la présence ou de l’absence de ce secteur dans nos territoires peuvent être également déterminantes pour le développement économique et social.

Le Livre blanc de 2013 sur la défense et la sécurité nationale, ainsi que cette loi de programmation militaire pour la période 2014-2019, contiennent malheureusement des mesures qui affaibliront durablement nos capacités en matière de défense. La programmation s’établit, sur la période 2014-2019, à 190 milliards d’euros hors pensions, dont plus de 6 milliards reposent sur des recettes exceptionnelles dont la réalité reste à démontrer. Cela s’ajoute à la déflation des effectifs déjà largement entamée puisqu’elle concerne plus de 33 000 emplois. Or, nous le voyons bien, le besoin de financement des opérations extérieures devient majeur, avec le Mali hier, la Centrafrique demain – pour la Syrie, il s’en est fallu de peu.

Dans un contexte économique et budgétaire difficile, la défense est considérée une fois de plus comme l’une des premières variables d’ajustement budgétaire.

Les principales missions de l’armée sont de permettre à la France de protéger son territoire, d’organiser la dissuasion nucléaire et d’être en mesure d’intervenir dans le cadre de missions extérieures.

Les menaces sont d’un nouveau genre ; les relations internationales ont été complètement modifiées au cours des soixante dernières années ; la technologie a considérablement progressé et la présence tactique de l’armée doit bien évidemment s’adapter aux nouvelles contraintes. Regrouper les casernes, renforcer la présence militaire sur des bases hautement stratégiques pour la défense du pays et développer des technologies nouvelles, par exemple les drones : ce sont là autant d’axes de réforme qui doivent, bien évidemment, être déclinés par l’état-major de l’armée dans la loi de programmation 2014-2019, comme dans la précédente. Cependant, en ce qui concerne les conséquences de la restructuration au niveau local, les territoires ne vont pas encaisser les coups de la même manière selon la valeur foncière de leurs terrains ou le contexte socio-économique.

Pour certains, avec un accompagnement significatif du ministère de la défense, une valorisation foncière des terrains abandonnés par l’armée et une restructuration des bâtiments, il peut y avoir des occasions de développement économique – je pense au secteur du logement et à l’installation d’établissements publics ou privés susceptibles de rendre des services supplémentaires à la population.

Chez nous, dans les Ardennes, terre ô combien touchée par tous les conflits qui ont traversé notre pays ces derniers siècles et où les habitants sont extrêmement attachés à la présence militaire, les choses ne se présentent pas du tout de cette manière.

Les arguments d’aménagement du territoire, même s’ils n’entrent pas dans la stratégie militaire et on le comprend, doivent être entendus par le Gouvernement. Le départ du 12e régiment de chasseurs de Sedan, dans les années 1980, a eu un impact économique et social terrible sur ce bassin de vie. Le chômage y est très important et les Ardennais ont coutume de dire que le coup porté par l’armée a été fatal à la région.

Aujourd’hui, l’émotion est grande dans les Ardennes, puisqu’une fois encore, il est question du départ du 3e régiment du génie de la ville chef-lieu. En effet, le Livre blanc 2013 annonce l’éventuelle dissolution de ce régiment, présent chez nous depuis 1947.

La menace n’est pas nouvelle. À chaque livre blanc son lot de fermetures de structures militaires, obligeant évidemment les élus locaux à réagir. En 2008, l’ensemble des élus de la majorité, accompagnés des élus de l’opposition, avaient organisé l’union sacrée autour de son régiment du génie. C’est tous unis que nous nous étions rendus à plusieurs reprises au ministère de la défense, pour faire connaître les conséquences difficiles de telles décisions sur le tissu économique et social local.

Le conseil général des Ardennes a beaucoup contribué, alors, à emporter la décision politique de maintenir le 3e régiment du génie à Charleville-Mézières, puisqu’il a consacré 2,6 millions d’euros à des travaux utiles au maintien de cette garnison dans les Ardennes. De plus, les effectifs ont été renforcés puisque, actuellement, ce sont plus de mille militaires qui sont présents dans ce régiment ardennais.

Mais qu’a fait le cabinet du ministre de la défense, lorsqu’il a été sollicité par les élus ardennais en 2013 ? Il a d’abord reçu les élus de gauche, sans aucun égard pour le président du conseil général des Ardennes, et ensuite les élus de droite, séparément…Quel sectarisme !

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