Monsieur le ministre, nous nous situons actuellement à peu près au tiers du quinquennat de l’actuelle majorité et de l’actuel chef de l’État : il est donc temps de prendre des décisions. À cet égard, il est assez étonnant que nous n’ayons pas encore eu, comme il est de coutume sous la Ve République, de discours du Président de la République au sujet de ses ambitions et de sa politique de dissuasion. Je n’ai, de mémoire, pas entendu François Hollande s’exprimer sur cette question, comme François Mitterrand, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy l’avaient fait après leur élection.
L’article 1er évoque des objectifs. La voix de la France, la position, le rang et la puissance de notre pays s’articulent autour de la défense de sa langue, de sa culture, de son économie et de ses finances bien mises à mal ces dernières années. L’outil militaire sert avant tout à continuer la politique par d’autres moyens, en espérant ne jamais devoir faire la guerre.
Monsieur le ministre, vous venez de nous dire que vous vouliez mettre en place l’armée de nos besoins. Mais cette loi de programmation militaire s’avance justement sur de longues années sans pouvoir clairement définir, comme chacun d’entre nous, quelles seront les menaces dans quatre ou cinq ans : par nature, celles-ci sont toujours imprévisibles ! Par sécurité, ces menaces nécessiteraient que la France ait enfin, à nouveau, une pensée stratégique pour définir ses objectifs, mais aussi qu’elle prévoie des moyens importants en pourcentage de ce qui nous reste de produit intérieur brut.
Quand je compare l’effort que nous faisons avec celui de l’Allemagne, qui a l’ambition de devenir la première puissance continentale dans les cinq ou dix prochaines années, réformant même son appareil politique si nécessaire et nous dominant à terme en matière industrielle, je m’interroge sur la portée de cette loi de programmation militaire. Malgré l’habilité de vos déclarations, je le répète, monsieur le ministre : nous sommes en phase de déclin.