Amiens-Nord est une usine façonnière dont le donneur d'ordre est la société Goodyear Dunlop Tires Operations (GDTO), située au Luxembourg. Celle-ci fait exécuter le travail à un prix conçu artificiellement pour augmenter le profit dans des zones de basse pression fiscale. La loi de finances pour 2014 vise à redresser ce type d'abus. Des groupes reprochent d'ailleurs au Gouvernement son activisme sur le sujet.
L'optimisation fiscale se double parfois d'une optimisation sociale. Goodyear voulait appliquer à Amiens-Nord, en contrepartie d'un investissement, le système des 4x8. Face au refus des salariés, la société a renoncé à investir et décidé de fermer l'usine.
Titan a demandé au ministère de réussir où lui-même avait échoué en septembre 2012 : en trouvant un accord entre Goodyear et la CGT pour que la reprise s'effectue dans la continuité de l'exploitation. C'est cette solution qu'il privilégie. À défaut, les salariés se retrouveront à la rue et le groupe embauchera pour lancer une nouvelle activité. N'ayant pu conclure d'accord en 2012, Goodyear France préférerait clore ce dossier, conformément à la prescription du groupe américain. Il m'appartient de rapprocher des points de vue encore éloignés. Certes, les lettres de licenciements vont être envoyées, mais des recours sont encore possibles.
Mon équipe recherche une solution qui permettrait à Titan de reprendre l'outil industriel et d'investir. Les salariés de l'activité tourisme licenciés bénéficieraient d'un PDV plus généreux qu'un plan social, ce qui leur laisserait le temps de se reconvertir. La CGT renoncerait à ses recours. Titan s'engagerait pour plus de quatre ans. Je ne suis pas sûr de réussir, mais, pour l'instant, les trois parties me font confiance. Mon rôle est de tenter le tout pour le tout, pour que le territoire d'Amiens conserve son outil industriel.