Intervention de Arnaud Montebourg

Réunion du 19 novembre 2013 à 17h30
Commission d'enquête relative aux causes du projet de fermeture de l'usine goodyear d'amiens-nord, et à ses conséquences économiques, sociales et environnementales et aux enseignements liés au caractère représentatif qu'on peut tirer de ce cas

Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif :

Sur le segment « tourisme », qui dépend du marché de l'automobile, l'Europe connaît une surcapacité qui a fait chuter la rentabilité de tous les producteurs. En revanche, l'agricole poursuit sa croissance. Les investissements sont amortis. Le pneu radial est particulièrement apprécié, compte tenu de l'utilisation européenne des machines agricoles. Les deux activités ne sont donc pas dans la même situation, ce qui justifie que Goodyear ne les traite pas de la même manière.

Pour le made in France, il faut écouter la voix des investisseurs étrangers. Récemment, j'ai rencontré six entrepreneurs américains à Boston et j'ai parlé à Marseille avec une trentaine de patrons du Golfe et du Maghreb. Ils m'interrogent sur le coût du travail, sur la fiscalité et sur le dialogue social.

Sur le coût du travail, le Parlement a consenti un effort en votant le crédit d'impôt pour la compétitivité et pour l'emploi (CICE), dont nous ne voyons pas encore les effets car il n'entrera réellement en vigueur qu'en janvier 2014.

Il faut aussi agir sur le plan fiscal, car les investisseurs privilégieront d'autres pays si nos entreprises sont écrasées d'impôts.

En ce qui concerne le dialogue social, j'explique que la situation change et que le législateur privilégie désormais la recherche du dialogue pour concilier maintien de l'emploi et réorganisation des conditions de travail et de rémunération. Des solutions constructives et temporaires permettent d'affronter une baisse des ventes sans que la direction envisage un plan social ni que les salariés brûlent des pneus dans une cour d'usine ou intentent une action judiciaire qui dure trois ou quatre ans. Il s'agit de trouver une formule loyale fondée sur un diagnostic partagé et soutenue par un effort commun.

Notre compétitivité dépend de nos coûts de production : coût du travail, du capital et de l'énergie. Sur le coût du travail, nous avons fait beaucoup. Je vous renvoie aux déclarations de Louis Gallois. Pour diminuer le coût d'accès au capital, nous avons créé la Banque publique d'investissement (BPI), ce qui est essentiel dans certains secteurs où le coût du capital est plus élevé que celui de la main-d'oeuvre. Le prix de l'énergie dépend de l'usage que nous faisons de la rente nucléaire, à l'heure où le prix de l'énergie augmente et où l'Allemagne rouvre des centrales à charbon. J'ai monté un plan industriel sur les énergies renouvelables. Au plan géopolitique, l'explosion du gaz de schiste redessine toute la carte du coût de l'énergie en faveur des États-Unis, dont le gaz coûte trois fois moins cher que le nôtre.

Un pays qui a beaucoup perdu doit porter une grande attention aux coûts de production. La droite accable le coût du travail. Le parti communiste et la CGT pointent celui du capital. Les Verts réfléchissent surtout au prix de l'énergie. Chacun a un peu raison et un peu tort. Nous devons rapprocher les points de vue. Le débat sur la transition énergétique doit être pragmatique plutôt que dogmatique.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion