Il existe plusieurs formes de capitalisme. Le modèle rhénan privilégie les territoires et l'enracinement. C'est un capitalisme familial qui a réussi à survivre. Dans le modèle anglo-saxon, où nous avons basculé depuis plusieurs dizaines d'années, ce sont les actionnaires qui dirigent l'entreprise.
Les Allemands ont riposté en donnant aux salariés une voix délibérative dans les conseils d'administration, mesure que vous venez de voter pour les groupes de plus de 5 000 salariés. Par ce biais, les décisions seront tempérées, car les dirigeants et les actionnaires s'expriment différemment quand ils sont face aux salariés. Peut-être même pensent-ils différemment. Nous devons installer dans le système de décision économique un nouvel équilibre des forces, mais, pour parvenir à un compromis social, il faut plusieurs volontés. Or nous nous sentons parfois bien seuls.
La défaillance française est d'avoir confié toute l'économie à des grands groupes. Ceux-ci exportent et figurent dans tous les classements internationaux, ce dont je les félicite, mais ils ont fait leur fortune en étrillant les sous-traitants. Il nous manque les fameux ETI du capitalisme familial et enraciné, que les grands groupes ont souvent empêché de se développer. Nous devons passer d'un modèle financier à un modèle entrepreneurial, enraciné et patriotique, que je veux construire pierre par pierre.