Intervention de Arnaud Montebourg

Réunion du 19 novembre 2013 à 17h30
Commission d'enquête relative aux causes du projet de fermeture de l'usine goodyear d'amiens-nord, et à ses conséquences économiques, sociales et environnementales et aux enseignements liés au caractère représentatif qu'on peut tirer de ce cas

Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif :

L'activité agricole est rentable. L'activité tourisme aurait pu le rester si des investissements importants avaient été consentis il y a quelques années.

Tous les mois, quand des sites ferment, la direction prend soin d'éliminer le risque de concurrence – preuve que celle-ci serait peut-être plus performante avec un effectif réduit et un outil restructuré et transformé. Nous avons rencontré le problème à Florange. Aujourd'hui où M. Mittal déclare que l'activité liée à l'acier est en train de reprendre, va-t-on importer des brames qu'on aurait pu produire en Lorraine ?

Je sais gré au législateur d'avoir pris des mesures dissuasives pour mettre à l'amende un comportement abusif : une entreprise non rentable ne doit pas empêcher les autres de tenter leur chance. Par cette décision, qui défend l'intérêt des territoires, vous reconnaissez implicitement qu'il existe des licenciements abusifs.

Toutefois, s'il est blâmable qu'une société délocalise à la seule fin d'augmenter son profit, il serait absurde d'empêcher les entreprises de modifier leur appareil productif en anticipant les évolutions du marché. Elles risqueraient de s'affaiblir, voire de disparaître. Il serait absurde d'attendre qu'une société soit en difficulté pour l'autoriser à se restructurer.

La solution est dans l'équilibre : pas d'abus dans un sens, pas d'excès dans l'autre. Il faut être pragmatique et efficace, dans l'intérêt tant des territoires que des syndicats, qui doivent remporter des victoires, et des entreprises, qui ont besoin de sécurité juridique.

Les collectivités locales gèrent sans grands moyens les problèmes attachés au sol : le foncier, l'environnement immédiat et la dépollution des sites. Elles peuvent intervenir quand on cherche une solution. Certes, elles pourraient entrer au capital des sociétés. C'est le cas dans beaucoup de pays européens. Mais elles auraient beaucoup de demandes et peu de disponibilités. De ce fait, il y a fort à parier qu'elles devraient rendre compte à leurs électeurs d'un grand nombre de sinistres. C'est donc peut-être une chance que leurs moyens soient réduits.

Tous les jours, nous voyons des entreprises faire défaut, fermer ou se désengager, comme l'a fait Goodyear en renonçant à ses activités agricoles dans le monde entier. Les salariés réagissent différemment selon les territoires, en fonction des dégâts que causent ces décisions et de la confiance qu'ils accordent à leurs interlocuteurs.

Si Goodyear voulait construire un projet, il lui incombait d'être plus transparent sur ses comptes, ses pratiques fiscales, la localisation de son activité et la rentabilité des métiers et des sites. Un diagnostic clair peut déboucher sur une solution partagée, alors qu'une stratégie dissimulée ne conduit qu'à la méfiance et à l'affrontement.

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