Intervention de Alexandre Magnan

Réunion du 27 novembre 2013 à 9h45
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Alexandre Magnan, chercheur à l'Institut du développement durable et des relations internationales, IDDRI :

J'évoquerai la situation des outre-mer avant d'aborder les adaptations au réchauffement climatique.

Les outre-mer français sont caractérisés par des configurations spatiales extrêmement variées qui couvrent un large gradient latitudinal. Cette grande diversité de situations complexifie grandement les travaux de modélisation climatique. La bonne nouvelle, c'est que nous disposons ainsi d'excellents observatoires des changements environnementaux liés au changement climatique.

En 2012, l'ONERC a publié la première synthèse sur les impacts potentiels du changement climatique dans l'ensemble des outre-mer et pour différents secteurs socio-économiques et environnementaux.

Outre-mer, le changement climatique intergit avec d'autres processus climatiques que nous ne maîtrisons pas encore très bien – je pense au phénomène El Nino dans le Pacifique – et amplifie les phénomènes extrêmes.

L'incertitude climatique est normale, mais les scientifiques qui travaillent sur la question des impacts et de la vulnérabilité affirment que le changement climatique exacerbera des problèmes que nous connaissons déjà et qui sont liés à des modes de développement non soutenables.

On peut établir un parallèle entre le processus de changement climatique et le processus d'anthropisation et de développement – densification de l'urbanisation, essentiellement sur le littoral dans les outre-mer, densification de l'occupation des sols occasionnant une dégradation qualitative et quantitative des ressources, et plus généralement une perturbation des activités économiques, notamment l'agriculture, la pêche et le tourisme. Mais des opportunités de développement peuvent aussi émerger. Le changement climatique pose problème à nos sociétés dans la mesure où il obligera fatalement à un redéploiement des activités et des stratégies d'exploitation des ressources, de conservation et de développement.

Dans ce contexte, les incertitudes ne sont pas une barrière infranchissable. Deux grands groupes de solutions existent en matière d'adaptation : celles qui existent et celles qui restent à inventer. Parmi celles-ci, je citerai le développement d'énergies renouvelables qui tiennent compte des évolutions futures de l'environnement, ou, dans le domaine du tourisme, la diversification de l'offre.

Mais de nombreuses solutions existent déjà, et c'est un message qui n'est pas suffisamment diffusé. Il faut d'abord poser un principe de base, « commencer par faire bien ce qu'on fait mal », c'est-à-dire cesser d'aggraver les problèmes qui se poseront dans le futur. Les scientifiques appellent cela « éviter la maladaptation aux changements climatiques ». C'est une première étape fondamentale du processus d'adaptation.

Dans le domaine de l'aménagement du littoral, il est ainsi indispensable de protéger les écosystèmes qui jouent un rôle tampon face à la mer et aux vagues – récifs coralliens, dunes de sable, mangroves – et de mettre fin à l'urbanisation des zones qui présentent un risque de submersion.

Les efforts de modélisation climatique doivent être poursuivis. Mais l'incertitude climatique n'est pas un frein à la prise de décision et à l'action parce que nous avons déjà une expérience, notamment dans le domaine des risques naturels, et c'est une bonne nouvelle.

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