Intervention de l'amiral Bernard Rogel

Réunion du 10 octobre 2012 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

l'amiral Bernard Rogel, chef d'état-major de la marine :

Monsieur Fromion, un groupe aéronaval est un porte-avions ou porte-aéronefs entouré d'une escorte et doté d'un état-major. Le fait d'avoir un porte-avions à catapulte nous permet d'employer des avions de chasse à long rayon d'action, contrairement aux Britanniques et aux Italiens, qui ont choisi l'avion à décollage court et appontage vertical. L'idée est d'avoir un groupe aéronaval disponible en permanence donc de mettre en place sur le porte-avions disponible un état-major tactique commun avec une escorte commune. C'est la raison pour laquelle nous faisons cela avec les Britanniques, dans l'esprit des accords de Lancaster House – lesquels supposent des décisions communes sur notre avenir et l'enchevêtrement de nos intérêts. Il s'agit donc d'une sorte de mariage.

Sur l'ANL, la décision n'est pas encore prise. Je ne peux donner qu'un avis à cet égard, le programme 146 « Équipement des forces » étant piloté par le CEMA et le DGA. Cet équipement devra faire l'objet d'arbitrages dans le cadre du futur Livre blanc. Mais la marine le demande depuis longtemps : ce missile peut être embarqué sur hélicoptère et a vocation à viser les petites embarcations rapides, ou à supprimer l'aptitude à gouverner d'un grand navire.

Concernant le contrôle de nos zones d'intérêt maritime, je rappelle qu'on a proposé de recourir aux B2M, qui sont des bâtiments civils ravitailleurs de plate-formes. Le fait d'avoir mis en place des équipes de protection embarquées nous a donné une certaine expérience sur l'armement léger – au moins en autodéfense – de bâtiments civils. Quant aux Batsimar, je souhaite qu'ils soient sous MCO civil, ce qui permettrait de les faire entretenir partout dans le monde.

Compte tenu des contraintes budgétaires, cette question devra faire l'objet d'une priorité à court terme.

Mais je ne vais pas demander des FREMM pour surveiller la ZEE. Cela étant, on ne peut non plus envoyer n'importe quel bâtiment pour faire de la surveillance de zone dans la mesure où les pêcheurs illégaux, par exemple, autour de l'île de Clipperton emploient des moyens très rapides.

Monsieur Meslot, le contexte financier rend les choses difficiles : nous devons réduire la dette, qui est un enjeu majeur, faute de quoi la défense pourrait être la première touchée. La question est de savoir combien de temps va demander l'effort demandé à la défense, ce qui déterminera les réponses capacitaires. Si cet effort dure trois ou quatre ans, on retardera des programmes et on continuera à réaliser des trous capacitaires, mais on pourra garder une dynamique positive avec l'espoir de réinvestir ensuite. S'il devait au contraire prolonger une dizaine d'années, nous serions obligés de faire des choix capacitaires, qui impliqueraient d'établir des priorités entre les missions.

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