Mais, à nouveau, cela favoriserait les insiders au détriment des outsiders. Je le répète, dans notre monde moderne, le seul moyen de garder sa dignité est d'avoir un travail. À l'heure où le système productif s'effondre, nous devons donc tout faire pour que ceux qui ont encore un emploi ne le perdent pas et que ceux qui n'en ont pas en retrouvent un. Le mécanisme que je propose est favorable aux outsiders, dont personne ne défend jamais les intérêts.
Il reste à éviter que les entreprises ne se contentent de profiter de l'avantage donné sans rien faire d'autre. Cela étant, compte tenu de la puissance des donneurs d'ordre et de la distribution, une part significative de cette baisse des coûts de production se traduira par une réduction des prix hors taxes, qui redonnera de la compétitivité à la France. Je ne crois pas que les entreprises, même si elles le souhaitaient, puissent se borner à augmenter leurs profits.
Pour autant, il faudrait rester vigilant, d'où la contrepartie que je propose. Comme vous le savez, un autre de nos grands problèmes est l'échec depuis vingt-cinq ans de notre système éducatif, qui laisse toujours 20 % des jeunes sans formation et sans diplôme. Le nombre d'apprentis, qui était monté à 400 000, est à nouveau en baisse. Il faudrait se donner pour objectif d'atteindre le million d'apprentis en cinq ou sept ans. C'est pourquoi une baisse des charges de l'ampleur que j'ai évoquée – plus de 30 milliards d'euros, je le rappelle – devrait, en contrepartie, s'accompagner d'un renforcement significatif des obligations des entreprises en termes de formation en alternance et d'apprentissage. Bien entendu, cela exige une réflexion globale sur l'éducation, car les réticences des entreprises ne sont pas le seul frein au développement de l'apprentissage. Nous devons mettre au point un système très incitatif. Malheureusement, le Gouvernement a pris récemment une mesure allant plutôt dans le sens inverse.