Intervention de Christian Saint-étienne

Réunion du 21 novembre 2013 à 9h15
Mission d'évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale

Christian Saint-étienne, économiste, professeur titulaire de la chaire d'économie industrielle au Conservatoire national des arts et métiers :

Ce qui est certain, c'est que le secteur productif français est exsangue. La France compte 3 millions d'entreprises, mais beaucoup sont des entreprises unipersonnelles ou de petites entreprises artisanales. Quant aux 35 entreprises industrielles du CAC 40, leur capital est détenu à moitié par des étrangers, et elles réalisent 70 % de leur activité et 90 % de leurs profits hors de France. Ces entreprises sont importantes par leur participation à la structuration des filières – et c'est pourquoi il est nécessaire d'en conserver le contrôle –, mais pas en raison de la part qu'elles représentent dans la production française. En réalité, 200 000 entreprises de taille inférieure à celles du CAC 40 font l'essentiel du PIB marchand national.

Or le taux de marge de ces entreprises est inférieur de 40 % à celui de leurs compétiteurs d'Allemagne, d'Angleterre et d'Italie du Nord. Et je ne parle pas de l'Espagne, qui connaît un rebond de ses marges, au point que son taux est devenu supérieur à celui des États-Unis. C'est d'ailleurs pourquoi on voit des entreprises fermer leurs usines en France, en Belgique et en Allemagne pour en ouvrir au-delà des Pyrénées. L'Espagne est en train de devenir la nouvelle Europe centrale et a vu ses exportations connaître un sursaut exceptionnel grâce à la baisse du coût du travail. Certes, celle-ci a eu un coût social colossal, puisqu'elle s'est traduite par un taux de chômage de 28 %. Mais l'exemple espagnol montre qu'une réduction du coût du travail de 3,6 à 4 % peut avoir un impact phénoménal sur la productivité, la profitabilité et les investissements.

La réforme que je propose serait un message très positif adressé aux chefs d'entreprise à l'heure où ils sont plutôt déboussolés : elle prouverait que l'on cherche vraiment à mettre l'accent sur la production. Et par rapport au cas espagnol, elle aurait l'avantage de permettre d'obtenir les mêmes résultats sans passer par une phase de chômage très élevé.

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