Intervention de François de Rugy

Séance en hémicycle du 3 décembre 2013 à 15h00
Loi de programmation militaire 2014-2019 — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois de Rugy :

Cette lecture a semblé vous surprendre, monsieur le ministre. Et pourtant !

Une puissance globale a-t-elle, d’un côté, les avions de chasse les plus performants du monde sans disposer, de l’autre, d’aucun ravitailleur pour les alimenter ? Une puissance globale a-t-elle, d’une part, les ogives nucléaires les plus dévastatrices de la planète et, de l’autre, des véhicules de l’avant blindés vieux de quarante ans ? Une puissance globale doit-elle choisir, comme l’a dit le chef d’état-major de la marine, entre une intervention au Sahel et au Moyen-Orient ? De toute évidence, non.

Cette loi de programmation militaire constituait l’occasion idoine pour adapter notre outil de défense à nos priorités stratégiques. Nous redoutons que cette mission ne soit pas assurée.

Aujourd’hui, le coeur de notre action stratégique se joue au-delà de nos frontières. Ce texte aurait dû permettre de mieux articuler la force militaire et l’outil diplomatique, qui sont les deux faces d’une même médaille, afin de garantir la défense de nos ressortissants, de nos valeurs et de nos intérêts.

Cette loi de programmation militaire aurait également dû replacer le projet de défense européenne au coeur de notre stratégie. Au lieu de cela, cette question est abordée au détour de quelques articles alors qu’elle pourrait constituer, de l’avis de tous, une priorité pour notre outil de défense.

Pour les écologistes, la mise en interaction des ressources, des programmes et des intelligences serait un plus pour l’Europe mais aussi et surtout pour la France, dont la charge budgétaire pourrait aussi être allégée. L’Europe de la défense pourrait être le véritable levier de notre autonomie stratégique, à condition d’en faire l’axe fort de notre politique de défense.

Nous aurions souhaité que ce texte pose enfin la question d’un ajustement de notre outil de dissuasion nucléaire dans le but de réduire les impasses capacitaires dont souffrent nos armées.

Tout au long de nos échanges, j’ai eu l’occasion de vous exposer les propositions du groupe écologiste pour réformer notre outil militaire. Elles concernent donc la rationalisation et, à terme, pour nous, la disparition de notre force de dissuasion nucléaire au bénéfice de nos priorités opérationnelles. Elles concernent le format des armées et, même, la reconquête d’un équilibre entre les officiers supérieurs par rapport aux autres effectifs des armées.

Ces propositions, si elles sont peu relayées dans notre hémicycle, font l’objet de débats à l’extérieur de notre Assemblée comme en témoigne la tribune que j’ai publiée et cosignée avec l’ancien Premier ministre Michel Rocard (« Ah ! » sur les bancs du groupe UMP.)

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