L'histoire de la pêche est marquée par une surexploitation séquentielle des ressources, d'abord locales, puis hauturières et maintenant profondes.
La France importe 70 % du poisson consommé parce que les captures sont en chute libre à cause d'une gestion européenne catastrophique. 87 % des stocks sont surexploités en Méditerranée, 50 % dans l'Atlantique. Qu'avons-nous fait ces trente dernières années ?
À propos de l'objectivité scientifique, j'ai constaté que le succès de la gestion des pêches dans le monde repose sur une recherche solide et sur la concertation. Pourquoi la pêche profonde n'a-t-elle pas donné lieu à une expertise collégiale ?
On attaque les ONG. Mais si elles ont pris une place importante, c'est parce qu'elles s'appuient sur les travaux scientifiques, contrairement aux pêcheurs. Lors du Grenelle de la mer, lorsque le chalutage a été évoqué, les professionnels nous ont dit : « vous n'allez pas nous apprendre à pêcher ! ». Nous devons réussir à travailler ensemble.
Le CIEM indique que sur les 56 stocks profonds, trois sont durables. Vous ne pouvez pas faire dire à ces chiffres plus que ce qu'ils disent. On demande aux scientifiques de déterminer le total admissible de capture permettant d'atteindre le rendement maximal durable (RMD). On ne leur demande pas de se prononcer sur la durabilité de la pêche. Or, la gestion avec le RMD comme seule référence n'est pas assez précautionneuse pour des ressources aussi fragiles. Nous manquons de connaissance pour évaluer l'impact écosystémique de la pêche profonde.
La création d'emplois dans ce secteur est un sujet de préoccupation quand on sait que la moitié des pêcheurs ont disparu en vingt ans.
Les ressources profondes peuvent participer de la croissance bleue. Leur intérêt réside davantage dans l'incroyable potentiel de biodiversité et de génétique qu'elles recèlent que dans les quelques tonnes de protéines qu'elles fournissent…Les gisements d'emploi sont là.