Intervention de Christian de Boissieu

Réunion du 18 octobre 2012 à 10h30
Mission d'information sur les coûts de production en france

Christian de Boissieu, professeur d'économie, Paris 1 Panthéon-Sorbonne, membre du collège de l'Autorité des marchés financiers :

J'ai parlé du taux de change entre l'euro et le dollar, mais j'aurais également pu évoquer la livre sterling, car si le Royaume Uni est notre deuxième partenaire commercial, ne joue-t-il pas aussi le jeu de la guerre des monnaies ?

En outre, même si chaque pays européen réalise 70 % de ses échanges extérieurs au sein de la zone euro, les 30 % restants sont importants, étant donné les faibles marges de manoeuvre dont nous disposons.

Quant au taux de marge, il est constant lorsque les salaires réels varient comme la productivité du travail. Pour remonter ce taux, il nous faut investir dans l'innovation afin d'accélérer nos gains de productivité – ce qui n'exclut nullement une augmentation des salaires réels, à condition qu'elle soit moins importante que celle de nos gains de productivité. Les effets de ces gains mettront néanmoins un peu de temps à se faire sentir.

Enfin, vous m'interrogez à la fois sur l'accès des entreprises au financement et sur le coût de celui-ci. Oséo enregistre de bons résultats depuis quelques années et la mise en place de la Banque publique d'investissement (BPI) pourra aussi contribuer à ce financement – mais dans des proportions insuffisantes eu égard aux besoins. Dans un contexte mondial qui demeurera ouvert et concurrentiel, les entreprises françaises qui, quel que soit leur secteur d'activité, sont toutes « preneuses de prix » (price takers) ne devraient pas trop compter sur la constitution d'un pouvoir de marché pour reconstituer leurs marges ; elles devraient plutôt envisager une politique de gains de productivité et d'économies. Votre question sous-tend d'ailleurs celle de la politique fiscale à adopter. Or, le groupe animé par Didier Migaud, qui a travaillé sur les questions de convergence fiscale franco-allemande, a jugé qu'il était difficile de comparer le taux d'imposition sur les sociétés de la France, qui s'élève à 33 %, à celui, plus faible, de l'Allemagne, dans la mesure où les taxes locales des deux pays sont différentes.

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