J'approuve l'action menée par l'Autorité de la concurrence, tout comme j'approuve le projet de décret, inspiré, selon M. Lurel, par le rapport de la mission d'information sur les prix des carburants dans les départements d'outre-mer, à laquelle j'ai participé en 2009, avec, notamment, Christiane Taubira et Jérôme Cahuzac.
Je pense néanmoins qu'il ne va pas assez loin, car les handicaps de l'outre-mer, liés à l'insularité, à la démographie ou au climat, créent des conditions spécifiques qui devraient permettre de déroger aux normes européennes, au moins sur la question des carburants. Chacun sait que l'approvisionnement direct ferait baisser le prix du carburant par rapport aux prix pratiqués par la Société anonyme de la raffinerie des Antilles (SARA), et que maintenir artificiellement des emplois – moins de 300, en vérité – n'est pas une solution. L'État doit régler le problème autrement : en agissant sur les prix, mais aussi en obtenant pour les régions ultrapériphériques des dérogations aux normes européennes, qui interdisent aujourd'hui que les Antilles importent du carburant de Tobago ou du Venezuela.
La mission avait également proposé de modifier l'équation du calcul du prix des carburants. Il suffit aujourd'hui d'avoir le courage de résister aux pressions de ceux qui refusent que l'on y touche.
Un mot enfin sur les rentes de situation des pétroliers qui cumulent stockage et raffinage. Il est choquant qu'une entreprise de raffinage puisse stocker du carburant qu'elle met ensuite sur le marché à des prix qui ne sont pas acceptables. J'aimerais donc, monsieur Lasserre, que vous nous indiquiez ce que vous pouvez proposer au Gouvernement pour qu'il aille plus loin que ce décret.