Cela étant, la question de l'export est en effet importante. Ainsi, sans exportation, nous ne pourrions pas écouler tous les hêtres produits en France, car les entreprises qui transforment cette essence n'ont qu'une faible capacité de sciage. Elles n'ont d'ailleurs pu être sauvées que grâce aux contrats passés avec l'ONF et avec d'autres acteurs de la forêt publique – communale ou domaniale –, qui leur donnent une meilleure visibilité sur les prix et permettent de sécuriser l'approvisionnement. Pour autant, malgré l'aide ainsi apportée, l'export reste une nécessité pour la préservation d'une sylviculture du hêtre.
La solution à ce problème réside dans l'industrie et dans la relocalisation de la transformation. Nous ne réduirons les volumes exportés qu'en transformant les produits sur place, ce qui est devenu plus difficile au cours des ans. L'objectif de certains plans en cours d'application est précisément d'inverser cette tendance.
C'est à juste titre que vous avez évoqué un risque de concurrence entre les différents usages du bois. L'ONF, mais aussi les responsables de la forêt communale, appliquent une hiérarchie des usages : bois d'oeuvre, bois d'industrie, bois-énergie. Or l'industrie – la pâte à papier, notamment – et le bois-énergie exercent une forte concurrence, si bien qu'en certains endroits, nous n'avons pratiquement plus aucune marge d'approvisionnement. Compte tenu des enjeux de la gestion durable, la forêt domaniale a d'ailleurs presque atteint le maximum de sa capacité de production. Quant à la forêt communale, il lui reste de faibles marges de progression, mais une exploitation plus importante exigerait des soutiens financiers – d'où l'importance du Fonds stratégique –, dans la mesure où les bois concernés sont souvent difficiles d'accès – lorsqu'ils sont situés en montagne, par exemple. En outre, un effort reste nécessaire pour encourager les communes à mobiliser leur bois. En tout état de cause, les volumes concernés ne dépassent pas 1 à 2 millions de m3. Le bois mobilisable se situe donc plutôt dans la forêt privée.
Nous collaborons d'ailleurs avec cette dernière dans le cadre des coopératives forestières. J'ai ainsi visité il y a quelques jours un groupement, comprenant la coopérative Forêts et bois de l'Est, qui met du combustible à disposition de la chaufferie de Metz. La coopération se passe très bien, y compris sur le plan de la commercialisation. Il me paraît possible de généraliser cette approche et, sous la houlette des communes forestières et en adoptant des approches territoriales, de parvenir à une collaboration plus marquée entre forêts publique et privée, dont les frontières sont encore trop étanches.
J'en viens à la question des dessertes, dont vous avez eu raison de souligner, monsieur le président, qu'elles représentaient un enjeu majeur. En effet, pour des raisons budgétaires, l'ONF a dû, en 2013, diviser par six ses investissements en matière de dessertes forestières – d'où l'importance des soutiens complémentaires apportés à la forêt domaniale pour 2014. Il en résulte, dans certains territoires, des tensions entre les collectivités et l'Office, parce que des routes ou chemins forestiers ne sont plus facilement accessibles. C'est un tel sujet de préoccupation que nous avons commencé à rechercher des voies alternatives, notamment en montagne. C'est ainsi que, dans le cadre d'un des 34 « plans de reconquête » composant le programme « Nouvelle France industrielle » lancé par le Président de la République, nous sommes partenaires d'un projet visant à recourir aux dirigeables pour débarder du bois de manière écologique.