Je comprends vos arguments, mais alors que, depuis 2001, nous avons étendu notre savoir-faire, nous sommes aujourd'hui bloqués par le manque de moyens. Rappelons que le budget de notre établissement a été réduit, de même que son plafond d'emplois.
J'en viens au deuxième problème auquel est confrontée la forêt privée. Une partie de la superficie de celle-ci, soit un peu plus de 2 millions d'hectares, est à peuplement pauvre : soit il s'agit de taillis – donc dépourvu de bois d'oeuvre de qualité –, soit de taillis sous futaie pauvre, ne donnant que quelques belles grumes. Ces zones peuvent produire du bois – surtout pour l'industrie et l'énergie –, mais souvent, leurs propriétaires n'y font rien, parfois en raison de la taille trop petite de la parcelle, le plus souvent en raison des coûts de transformation. En effet, si la coupe rapporte de 1 000 à 1 500 euros par hectare – au mieux 2 000 euros –, le reboisement, lui, coûte entre 3 000 et 5 000 euros, et même plus quand il faut se protéger contre le gibier. C'est un raisonnement imparable.
Le fonds stratégique dont nous appelons la création de nos voeux aurait justement pour rôle, à l'instar du défunt Fonds forestier national, d'accompagner financièrement la décision du propriétaire. Un tel dispositif – qui existe dans tous les grands pays forestiers, en Europe et même dans le monde – permettrait d'augmenter la production de bois, y compris dans les forêts privées.
S'agissant des SAFER, soyons clairs : nous n'avons rien contre elles. Dans certaines régions, dont la vôtre, madame Got, des partenariats ont été noués entre ces sociétés et le CRPF, qui fonctionnent bien. Mais les forestiers sont à peine présents dans leurs conseils d'administration. Ce monde n'est pas le nôtre, mais on voudrait l'ouvrir à la forêt d'une façon informelle. Nous ne voulons pas que les SAFER, dans lesquelles nous ne sommes pas représentés, puissent disposer d'un droit de préemption sur les parcelles forestières.
Pour autant, toutes les structures dépendant du CNPF travaillent en bonne entente avec les SAFER quand cela s'avère nécessaire. Il est donc inutile de prendre des dispositions législatives en la matière.
Par ailleurs, les SAFER ne devraient pas se contenter, comme actuellement, d'acheter et de vendre des grandes surfaces forestières. C'est une activité de marchand de biens, et d'autres professions sont à même de le faire. Ce dont nous aurions besoin, c'est qu'elles s'intéressent aux petites parcelles et contribuent à les restructurer. Mais leurs représentants n'aiment pas cela, parce que cela coûte cher.