Tout le monde a posé cette question fondamentale : peut-on mobiliser plus et mieux la ressource bois, et si possible au profit du local ? En effet, dans les conditions actuelles, donner une préférence au bois reviendrait aussi à favoriser l'importation.
Les représentants de la forêt privée l'ont dit à juste titre : nous avons besoin de l'animation, pour inciter les propriétaires à mettre leur bois sur le marché.
S'agissant des PPRDF, il est temps de rappeler certains faits. Tout d'abord, la forêt publique est loin de bénéficier d'une redistribution à la hauteur des 6 millions d'euros qu'elle verse chaque année. Mais le plus scandaleux, avec cette politique, c'est qu'au moment même où l'on supprimait des emplois à l'ONF et dans la forêt privée, on en a créé dans les chambres d'agriculture, simplement pour montrer que l'on agissait en faveur de la forêt ! Bien sûr, il faut être intelligent : nous ne pouvons pas supprimer le système du jour au lendemain. Mais de grâce, ne cherchons pas à le faire durer, car il n'est pas bon !
J'en reviens à ma question principale : peut-on mieux mobiliser la ressource ? Je réponds que c'est possible, mais pas en s'adressant individuellement à chaque propriétaire. Il faut massifier l'offre, et donc regrouper les parcelles, non seulement dans la forêt privée, mais aussi dans les communes, et même entre plusieurs communes. Peut-être même faudrait-il, quand c'est nécessaire, regrouper le public et le privé. L'important est de pouvoir mettre des volumes importants sur le marché.
Comment motiver les propriétaires ? Il est difficile de le faire par les prix, compte tenu de l'évolution constatée au cours du temps. En outre, les communes subissent des pressions, notamment de la part des populations urbaines, qui les incitent à ne pas mobiliser le bois. De mon point de vue, la solution réside dans les politiques territoriales de massifs et les chartes forestières de territoire. Pour mobiliser l'ensemble des acteurs, y compris la forêt privée et les collectivités territoriales, il faut offrir une vision sur les objectifs à atteindre en termes de transformation du bois dans le massif. On en a parlé à propos du hêtre : il faut trouver le moyen d'approvisionner les scieries qui offrent une plus grande valeur ajoutée et génèrent de l'emploi. Il faut une démarche fondée sur le développement du territoire et l'emploi, dans le cadre d'une politique territoriale forestière.
On a parlé de concurrence entre bois d'industrie et bois d'oeuvre, mais en général, on produit les deux à la fois. Quand on cherche à produire du bois-énergie, on peut avoir du bois d'oeuvre en plus, et inversement. On ne va donc pas réglementer, même s'il y aura nécessairement des tensions, compte tenu de la demande.
La Fédération nationale des communes forestières a favorisé l'installation de 1 000 chaufferies à bois et de 100 constructions en bois à usage de démonstration. Il faut donner l'exemple ! La mutation énergétique et écologique est un élément considérable à prendre en compte. Mettons donc des moyens dans les politiques territoriales ! La forêt privée peut s'inscrire dans une telle politique grâce aux plans de développement de massif (PDM).
Pour favoriser l'usage du bois – et particulièrement du bois local – dans la construction, il faut faire dans le démonstratif. C'est ainsi que deux collègues, dans l'est de la France, ont fait le choix de construire en hêtre, avec le bois qu'ils ont produit, afin de donner l'exemple et de trouver, dans le secteur de la construction, un débouché pour cette essence.
Il n'est pas nécessaire de pousser la prescription, puisque dans certains départements de la région Rhône-Alpes, la construction en bois connaît une croissance à deux chiffres. Ce qu'il faut, c'est favoriser l'usage du bois provenant de nos massifs.
Pour cela, nous devons recourir à la certification. C'est ainsi que l'on peut, aujourd'hui, faire mention de l'appellation « Bois des Alpes » dans un permis de construire ou un appel d'offres. C'est légal : le Comité français d'accréditation – COFRAC – a donné son accord.
L'objectif est donc moins d'augmenter la consommation de bois que de donner, en matière d'approvisionnement, une préférence au bois local.
En ce qui concerne le bois-énergie, nous avons également besoin de plans d'approvisionnement territoriaux – PAT –, car faute d'une sécurisation suffisante, les grands groupes feront venir par bateau des plaquettes en provenance d'Amérique latine. Le PAT indique la quantité de bois dont on peut disposer, le prix de mobilisation, les investissements à réaliser.
Je le répète, les politiques territoriales sont le seul cadre possible pour déterminer les aménagements et les investissements nécessaires. Il n'y a pas d'autre solution.