Dans ce cas, on y repensera plus tard.
J'en viens à la question de l'approvisionnement qui, vous l'avez compris, préoccupe toute la filière. Il est bien évidemment nécessaire d'améliorer la sortie du bois, mais dans ce domaine, on ne peut pas faire de miracle : les progrès seront lents.
Si nous connaissons une crise d'approvisionnement, c'est d'abord parce que le bois accroît ses parts de marché dans le secteur de la construction, mais surtout parce que les industriels ont davantage recours au bois français qu'auparavant. En effet, depuis que l'on a aidé les scieurs à investir dans de nouveaux outils de production, les industriels français ont atteint un niveau comparable à celui de leurs homologues européens. Non seulement ils s'approvisionnent en bois local, mais ils proposent des produits à forte valeur ajoutée : des bois séchés, des bois boutés, des bois contrecollés.
Mon entreprise en donne un bon exemple : leader en matière de charpentes industrielles, elle transforme 400 000 m3 par an. Or alors qu'il y a cinq ans, 95 % de notre bois était importé, nous avons renversé la tendance : le bois est désormais français à plus de 60 %. Lorsqu'on leur fait une bonne offre, les industriels ont intérêt à se fournir localement.
L'autre source de perturbation de l'approvisionnement, c'est l'augmentation de l'usage du bois comme source d'énergie, qui a entraîné un appel d'air trop important. Les subventions et la construction de chaudières de trop grande capacité ont conduit à déstabiliser le marché. La solution, on l'a dit, réside dans la hiérarchisation des usages. En termes de valeur ajoutée comme en termes d'emplois, les gains procurés par les produits industriels sont sans comparaison avec ceux de l'énergie. C'est pourquoi le bois d'oeuvre et le bois d'industrie doivent passer avant le bois-énergie, d'autant que ce dernier, s'il n'est pas subventionné, peut être produit en tant que déchet des deux autres.
J'en viens à la question des importations, dont vous avez laissé entendre qu'elles pouvaient être motivées par la volonté d'échapper à certaines contraintes. Il est vrai que nous sommes soumis à des normes rigoureuses : en ce qui concerne les poussières de bois, par exemple, la réglementation française est la plus stricte d'Europe. De même, le bois qui subsiste après transformation industrielle – issu des scieries, et qui n'a donc subi aucun traitement – est considéré en France comme un déchet. Il ne peut pas donc servir de combustible pour une chaudière. Voilà une aberration à laquelle il faut rapidement mettre fin.
Sur le plan environnemental, en vertu de la directive sur les émissions industrielles entrée en vigueur cette année, les industriels du bois – scieurs, constructeurs de maisons en bois, spécialistes de produits de charpente –, auparavant classés ICPE – installation classée pour la protection de l'environnement –, sont désormais placés dans la même catégorie que les grands industriels de la chimie. Là encore, c'est une aberration. Et bien évidemment, nos confrères de Chine ou même d'autres pays européens, qui exportent du bois vers la France, ne sont pas soumis à de telles contraintes.