Deuxième observation : au départ, on assurait qu’il s’agirait d’une opération ponctuelle, limitée dans le temps. Comme François Hollande l’a déclaré initialement, cette opération sera rapide et n’a pas vocation à durer. Ensuite, notre pays projette de passer le relais, dans un délai raisonnable, aux forces africaines.
Toutefois, les opérations précédentes menées en Afrique par notre pays ont souvent duré plus que prévu ou ont dû se répéter et se reproduire. Avec Serval, l’armée restera au Mali assez durablement, certes dans un format plus réduit qu’au début. En Centrafrique, depuis 1979 et la chute de Bokassa, nos forces en sont à leur septième opération. Machiavel disait : « On peut commencer la guerre quand on veut, mais on ne la finit pas de même. »
Dernière observation : depuis septembre, la crise en RCA a pris la tournure d’une guerre civile confessionnelle, avec son lot d’intolérance, d’intégrisme, voire de fanatisme. D’un côté, les anciens rebelles de la Séléka, à majorité musulmane, partisans du pouvoir issu du coup d’État du 24 mars ; de l’autre côté, des groupes paysans d’autodéfense chrétiens, comme les anti-balaka.
Les affrontements actuels reflètent de plus en plus ces tensions interreligieuses et intercommunautaires.
Le XXe siècle avait été marqué, en France et ailleurs, par la laïcité, par la séparation de la religion et de la vie publique. Le XXIe semble, au contraire, revenir parfois à la situation antérieure, où les conflits politiques étaient liés à des conflits religieux.
La laïcité permet à tous de vivre ensemble, par-delà les différences confessionnelles. Il serait très utile de restaurer pleinement cette valeur, ici et ailleurs, car elle est un facteur de paix civile, de concorde et d’unité nationale.
Monsieur le Premier ministre, le groupe RRDP approuve et soutient l’action de votre Gouvernement en Centrafrique, action conforme à l’évidence aux valeurs de la République. L’hymne national de la RCA s’intitule La Renaissance. Il faut souhaiter, en effet, qu’avec l’aide de la France, une renaissance succède aux temps troublés et souvent tragiques d’aujourd’hui qui blessent ou meurtrissent ce pays. Nous avons avec lui une longue histoire commune, avec ce qui fut le territoire de l’Oubangui-Chari, avec ce pays qui se rallia dès septembre 1940 à la France libre.
Nous nous devons d’agir pour arracher à la détresse ce pays de 5 millions d’habitants, l’un des plus pauvres du monde. Nous le devons par fidélité, par solidarité, pour qu’il puisse connaître, demain, une société libre et juste, une société de fraternité et peut-être un avenir d’espérance.