Intervention de Vincent Chriqui

Réunion du 18 octobre 2012 à 9h30
Mission d'information sur les coûts de production en france

Vincent Chriqui, directeur général du Centre d'analyse stratégique :

Ces questions appelleraient des réponses plus longues que celles que je vais vous donner.

Il est facile de trouver des chiffres pour évaluer l'incidence de la durée du travail sur la productivité. En France, cette durée est relativement faible par rapport à la moyenne mondiale, voire européenne, mais la productivité horaire est élevée. Les deux éléments sont liés : dans les pays où l'on travaille plus, le marché du travail accueille des personnes dont la productivité est plus faible.

Si la faible durée hebdomadaire du travail est un handicap pour les entreprises, on ne peut l'augmenter qu'en préservant le dialogue social et en évitant une hausse systématique des salaires, qui favoriserait le pouvoir d'achat mais nuirait à la compétitivité. Un partage entre les entreprises et les salariés est envisageable dans le cadre d'une évolution négociée. Cela se produit dans certaines entreprises, mais de manière encore trop ponctuelle.

Il est très difficile de mesurer la productivité du secteur public. Dans les comptes nationaux, on identifie de manière un peu simpliste sa production à son coût sans tenir compte de la performance. En France, le niveau de l'emploi public est supérieur à la moyenne, ce qui laisse supposer que des gains de productivité sont encore possibles, mais il faut considérer les chiffres secteur par secteur pour avoir une véritable analyse de la performance.

Nos charges salariales intègrent de manière importante le point fiscal et social versé à l'État et à la sécurité sociale.

La réussite de l'Allemagne tient en grande partie à ce qu'elle apporte de la valeur ajoutée à des biens d'Europe centrale et orientale en conservant la partie la plus intensive de la production, comme l'assemblage, en main-d'oeuvre qualifiée. Du coup, elle parvient à baisser ses coûts en conservant des salaires assez élevés. Cela dit, au fur et à mesure que les pays d'Europe centrale ou orientale convergeront, ses coûts augmenteront, réduisant d'autant son avantage concurrentiel.

En France, au lieu de trouver des fournisseurs dans différents pays, nous préférons implanter des usines ailleurs. Ces délocalisations peuvent être critiquées mais il faut savoir que dans la majorité des cas elles visent surtout à servir d'autres marchés, notamment celui des grands pays émergents où se réalise désormais l'essentiel de la croissance.

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