Vous avez souligné qu'en France, le coût salarial entre pour beaucoup dans la valeur ajoutée. Pour autant, cela ne signifie pas que le salaire net est trop élevé. Depuis vingt ans, nos marges sont plus faibles que celles de nos concurrents. Un chiffre permet de mesurer la capacité des entreprises à investir, à innover et à créer un outil productif : il y a 150 000 automates programmables dans l'industrie allemande contre 35 000 en France. Quand le taux de marge est faible, il n'y a pas de dynamique.
J'ai interrogé un jour le dirigeant d'une entreprise où travaille une soixantaine de personnes. Pour 100 euros nets perçus par le salarié, l'entreprise verse 107 euros de charges et impôts divers.
J'ai, par ailleurs, eu accès à un indice non public utilisé par un groupe européen employant 400 000 personnes dans le monde, qui agrège la totalité des coûts dans les pays où ce groupe est présent. Ainsi, le pays où le coût de production est le plus élevé est l'Allemagne, avec un indice 100, contre 98 pour la France et 73 pour les États-Unis. Quand un groupe investit dans un marché très ouvert, il se demande où il obtiendra un produit de qualité à moindre coût, fiscalité comprise, car la dynamique d'un système économique ne se mesure pas uniquement à l'aune du coût salarial.