Intervention de François de Rugy

Séance en hémicycle du 3 juillet 2012 à 15h00
Déclaration de politique générale du gouvernement débat et vote sur cette déclaration — Déclaration de politique générale du gouvernement

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois de Rugy :

Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, mesdames, messieurs les ministres, chers collègues, ma première pensée va, comme d'autres, à Olivier Ferrand, dont je veux saluer la mémoire à titre personnel et au nom de mon groupe écologiste tant il était attaché à faire travailler ensemble toute la gauche, les socialistes, les communistes et les écologistes.

Au-delà de notre hémicycle, je pense aux Français qui nous regardent ou qui prendront connaissance de ce débat par la presse. Pour avoir, comme chacun d'entre vous, passé ces dernières semaines en rencontres avec nos concitoyens, je sais comme vous que chez nos compatriotes, la lucidité est grande devant les défis à relever, l'inquiétude forte devant les risques et la conscience réelle quant à la nécessité des efforts Oui, les Français sont clairvoyants ; oui, les Français sont prêts à consentir des efforts importants pour contribuer au redressement de nos comptes publics, et à l'émergence d'une économie nouvelle et créatrice d'emplois. Mais ils posent une exigence que vous avez vous-même rappelée, monsieur le Premier ministre : la justice. À chaque fois que vous remettrez de la justice dans notre système fiscal et dans notre protection sociale, quand bien même cela heurtera des lobbies puissants ou des intérêts particuliers organisés, soyez-en certain, vous trouverez dans les députés écologistes des partenaires actifs, constructifs et déterminés.

Tous ces efforts, les Françaises et les Français y sont prêts parce qu'ils ont une préoccupation centrale, une préoccupation présente dans tous les milieux, à tous les âges : c'est l'emploi, c'est avoir un revenu pour vivre et faire vivre sa famille.

Rarement, monsieur le Premier ministre, un gouvernement aura eu à faire face à tant de défis en même temps : le défi de la dette née d'une financiarisation à outrance de l'économie et de l'absence de pilotage politique de l'euro ; le défi démocratique, qui fait de notre assemblée celle qui a été élue dans le plus fort contexte d'abstention jamais enregistré à une élection législative ; le défi, bien entendu, d'une crise écologique et climatique sans précédent, au cours de laquelle les ressources naturelles se raréfient, les conditions de vie se détériorent et l'avenir des générations à venir s'assombrit.

Tous ces défis, nous les affronterons.

Mais la question qui se pose aujourd'hui, c'est de savoir si nous les relèverons dans la justice et la solidarité, en anticipant les évolutions inéluctables pour en faire des opportunités saisies plutôt que des contraintes subies, ou si nous continuerons à vivre de crise en crise, laissant des pans entiers de notre société sombrer dans le repli sur soi, laissant des pans entiers de notre économie se déliter.

De ces dix dernières années de gouvernements de droite, les Français ont appris : ils savent que la croissance classique, celle dont rêvent les libéraux, bâtie sur la dématérialisation de l'économie, la mondialisation sans règles, le grignotage insidieux du droit du travail et le pillage environnemental, ne règlera pas le défi de l'emploi. Cette politique libérale, qui n'a de cesse de réduire l'emploi public et de déréguler l'économie a conduit, pendant la dernière mandature, 700 000 personnes au chômage et aux allocations de remplacement. Et à droite, on a osé – mes chers collègues de l'opposition, je m'adresse aussi à vous – nous parler du « cancer de l'assistanat ». Mais l'assistance aux personnes en situation de danger social est un devoir de notre république qui est, je le rappelle, « sociale ». (Applaudissements sur les bancs du groupe écologiste et sur plusieurs bancs du groupe SRC.) Cette politique d'assistance est le signe d'une série d'échecs économiques, elle n'en est pas la cause !

Pour relever le défi de l'emploi, la première des conditions, c'est de mieux former la jeunesse ; c'est aussi de soutenir des activités nouvelles et durables ; c'est enfin de concentrer les moyens de l'État, en premier lieu ses moyens financiers et budgétaires contraints, sur l'accompagnement d'une nouvelle économie au service de l'humain et respectueuse de l'environnement.

Monsieur le Premier ministre, lorsque votre gouvernement engagera le redressement de notre système éducatif, en le respectant et en lui consacrant les moyens indispensables qui lui ont été refusés au cours de ces dernières années, les députés écologistes seront à vos côtés, actifs, constructifs et déterminés,…

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