Tous les élus sont très attachés au statut militaire du gendarme. La gendarmerie de Saül, en Guyane, que j'ai visitée l'an dernier, accomplit dans des conditions très difficiles un travail remarquable dans la lutte contre l'orpaillage clandestin. Pouvez-vous faire le point sur cette opération ?
Ma deuxième question est une question que je pose chaque année. Malgré des progrès réels, j'observe, en tant que président de l'association des maires du département dont je suis élu, que certains maires se plaignent encore de ne pas recevoir de la gendarmerie d'informations sur ce qui se passe dans leur commune. Peut-être pourriez-vous, pour rencontrer les maires, assister à notre assemblée générale, qui se tiendra le 10 novembre.
Général Jacques Mignaux. J'espère pouvoir compter sur le produit des cessions immobilières, dont nous avons grand besoin. Si nous pouvions réaliser 80 millions d'euros sur les 120 que représente ce patrimoine, nous pourrions, par exemple, réhabiliter la caserne de Melun, très dégradée.
En matière de réhabilitation des logements, certaines collectivités – dans le Maine-et-Loire, le Loiret ou l'Oise, par exemple – ont une politique très dynamique, d'autres moins. Certaines communes, notamment, diffèrent parfois les projets, malgré les subventions de l'État et les loyers permettant généralement de les amortir sur 18 ans. Les plus grandes difficultés concernent cependant l'immobilier domanial, notamment les grandes casernes de gendarmerie mobile. Nous sommes prêts, je le répète, à attendre pour la réhabilitation des bureaux, mais il faut y procéder pour les locaux d'habitation. Je me réjouis de l'abandon du casernement de Ferrette, où plus de 60 gendarmes étaient logés à l'extérieur parce que ces logements étaient insalubres : nous avons profité de l'opération de Sathonay, conçues pour accueillir un escadron supplémentaire afin de redimensionner le dispositif au profit de la région Rhône-Alpes. Nous pourrons offrir à 100 familles des logements accueillants. Je vais proposer au ministre la liste des points noirs qu'il faudrait quitter en priorité si nous n'avons pas la capacité de reconstruire.
La baisse des autorisations d'engagement (AE) réduira réellement nos capacités en 2013. Bien que nous soyons conscients que les forces de sécurité intérieures fassent l'objet d'une attention particulière malgré une situation économique très tendue, la situation n'est pas viable à moyen terme. La sécurité n'a pas de prix, mais elle a un coût et il faut faire des choix. La capacité d'investissement est passée de 570 millions CP en 2007 à 250 millions CP cette année – et le décrochage s'est produit en 2009. La chute est désormais stabilisée.
L'orpaillage clandestin est un véritable enjeu pour le département de la Guyane, aussi étendu que l'Autriche et dont la richesse du sous-sol continuera d'attirer les orpailleurs clandestins, car le gramme d'or se négocie aujourd'hui 50 euros, contre 20 euros en 2007. On trouve donc des gens prêts à quitter l'État d'Amapá, au Brésil, où leur revenu est en moyenne de 150 à 200 euros par mois, pour se rendre sur un site d'exploitation qui peut leur rapporter entre 1 000 et 2 000 euros. Tous les services sont mobilisés et la gendarmerie participe à l'opération Harpie, qui vise à contrôler les flux logistiques – sur les rivières en saison humide et sur les axes de circulation en saison moins humide. Nous saisissions d'importantes quantités de matériel et avons démonté les comptoirs illégaux de vente d'or en Guyane, qui a donné lieu à des enquêtes judiciaires.
L'été dernier, une embuscade a été tendue par un groupe criminel comportant 17 membres identifiés. Deux militaires des Forces armées en Guyane (FAG) sont morts, trois gendarmes ont été blessés par balles d'armes de guerre et nous avons failli perdre un hélicoptère. L'État a apporté la réponse qui convenait. Durant deux mois, nous avons opéré une recherche dans la profondeur du territoire et nous nous sommes efforcés de bloquer les accès au Suriname et au Brésil à la hauteur de Camopi. En Guyane, l'information circule bien, même en forêt : les fuyards se savaient recherchés et avaient quitté la zone de Dorlin, que nous avons reprise de vive force avec l'armée de terre. Nous les avons bloqués à la hauteur de Régina alors qu'ils voulaient rejoindre le littoral. Nous avons déjà entendu certains d'entre eux, détenus au Suriname, le chef de la bande est détenu au Brésil, où il a été arrêté sur nos indications, nous-mêmes avons arrêté plusieurs fuyards et deux ou trois autres ont été tués dans des règlements de comptes internes, de telle sorte qu'il nous en manque encore deux ou trois.
Cette situation est emblématique : un Eldorado attire de pauvres hères. Nous essayons de détruire les sites et de saisir le matériel, mais les orpailleurs sont très organisés et s'adaptent. Nous aussi. Nous mobilisons beaucoup de moyens pour les gêner et montrer que nous n'avons pas l'intention de laisser des groupes criminels faire la loi sur notre territoire. Ce message a été clairement entendu au-delà des fleuves Maroni et Oyapock.