Pour notre part, nous n’avions qu’un seul tabou : garantir le pouvoir d’achat des retraités. Vous, vous en faites fi : vous piochez dans la poche des retraités pour financer une réforme des retraites !
Votre tabou, c’est l’âge légal de départ à la retraite à soixante ans. Je me rappelle d’ailleurs les propos du candidat Hollande – ainsi que les vôtres, madame la ministre – : il avait alors promis au peuple français de revenir à la retraite à soixante ans. Aujourd’hui, d’une certaine manière, vous validez non seulement la réforme de 2010, puisque vous gardez l’âge légal du départ à la retraite à soixante-deux ans, mais également la réforme Fillon de 2003 sur l’allongement de la durée de cotisation. Vous deviez pourtant revenir également sur cette dernière, si je reprends certains de vos propos de l’époque. Vous validez cette réforme puisque vous validez l’obligation de cotiser quarante-trois annuités pour obtenir une retraite à taux plein.
Or, jouer uniquement sur ce levier est purement et simplement hypocrite. Nous le savons en effet, les jeunes entrent de plus en plus tard sur le marché du travail : à vingt-quatre, voire vingt-cinq ans. De ce fait, ils devront travailler jusqu’à soixante-sept ou soixante-huit ans. Mais en gardant l’âge de départ à la retraite à soixante-deux ans, vous allez induire un appauvrissement des futurs retraités français. En effet, nombre d’entre eux partiront à soixante-deux ans, correspondant à l’âge légal de départ à la retraite ; mais ils n’auront pas cotisé un nombre suffisant d’annuités. Nous ne pourrons donc que constater un appauvrissement des retraités.
Nous proposions pour notre part de jouer sur ces deux leviers : continuer d’augmenter la durée de cotisation tout en reculant l’âge légal du départ à la retraite. Pourquoi ? Parce qu’un problème démographique – qui est une chance, puisqu’il signifie que nous vivons plus longtemps – doit susciter une solution démographique : il faut donc travailler plus longtemps.