Intervention de Marie-Christine Saragosse

Réunion du 3 décembre 2013 à 17h30
Commission des affaires étrangères

Marie-Christine Saragosse, présidente de France Médias Monde :

Je souhaite profiter de ma présence au sein de l'Assemblée nationale pour la première fois depuis les événements tragiques du 2 novembre pour vous remercier, toutes et tous. La minute de silence observée, le 5 novembre, par la représentation nationale à la demande du président Claude Bartolone en mémoire de Ghislaine Dupont et de Claude Verlon ; les mots de M. François Loncle et de M. Jean-Jacques Guillet ; votre présence à nos côtés, madame la présidente, le 6 novembre, lors de la cérémonie organisée en hommage à nos collègues, ont été autant de témoignages d'un fort soutien à RFI et à l'ensemble du groupe.

Cette terrible tragédie a aussi entraîné un mouvement de sympathie dont l'ampleur m'a surprise : nous avons reçu, du monde entier, d'innombrables témoignages de soutien qui n'avaient rien de convenu – imaginez qu'une minute de silence a même été organisée en Inde à la mémoire de nos deux journalistes ! C'est dire qu'au-delà des questions de fonds de roulement, de parts de marché et de benchmarking, nous sommes porteurs de valeurs et d'une manière d'être au monde de l'information qui comptent. Nous ne le mesurons pas toujours lorsque nous sommes en France ; mais, aussitôt passées les frontières, on prend conscience que dans bien des pays qui, souvent, souffrent, la présence audiovisuelle française a de l'importance. Il faut s'en souvenir, car là est le coeur de notre projet : le message que nous portons dans le monde. Nous devons nous le rappeler pour rester fidèles à ceux qui risquent leur vie pour défendre une certaine idée de l'information. Je vous remercie une nouvelle fois pour le soutien appuyé de la représentation nationale à la rédaction de RFI et à tout le groupe en ces moments douloureux.

Le contrat d'objectifs et de moyens que, accompagnée de Victor Rocaries, directeur général délégué, Thierry Delphin, directeur financier, Geneviève Goëtzinger, directrice des relations institutionnelles, et Thomas Legrand-Hedel, directeur adjoint de la communication, je suis venue vous présenter, est issu d'un dense travail collectif mené depuis un an. Nous avons commencé par nous interroger, précisément, sur ce que nous voulions dire – et quelles valeurs voulons-nous défendre, sinon la liberté d'informer et d'être informé, l'égalité entre les hommes et les femmes, les droits humains, le fait que l'information n'est pas de la propagande mais qu'elle résulte de la confrontation des points de vue, la laïcité enfin, qui est souvent une idée neuve hors de nos frontières ? Ce socle de valeurs communes à l'ensemble de nos médias a fondé notre plan stratégique. Ensuite, nous avons travaillé avec les services de l'État à la traduction de ce plan dans le projet de COM, qui est donc l'émanation d'un travail collectif, soutenu, pour cette raison, par les équipes, inquiètes cependant des moyens dont nous disposerons pour remplir ce contrat.

Il nous a fallu, bien sûr, cerner l'environnement audiovisuel mondial et ses évolutions prévisibles. Nous avons pris acte de 4 évolutions pour construire notre stratégie. L'explosion des nouveaux médias en premier lieu, tout en notant qu'elle diffère selon les lieux et qu'elle n'a pas nécessairement d'effet substitutif. Ainsi, dans le monde, 80 % des images continuent d'être regardées sur des télévisions « à la papa », et l'évolution se fait souvent vers le « multi-écrans » : il n'y a pas substitution mais ajout. Quant à la télévision sur les téléphones intelligents, elle n'est pas encore tout à fait au point en bien des régions du monde, et elle coûte très cher. Autant dire qu'il n'est pas question pour nous de lâcher un barreau de l'échelle avant d'avoir saisi le suivant si nous voulons consolider notre présence.

Il n'empêche que la mobilité rendue possible par les nouveaux outils que sont les téléphones portables et les tablettes est à l'origine d'une révolution généralisée, que l'on ressent particulièrement en Afrique. De même, l'omniprésence des réseaux sociaux fait que l'on ne peut plus s'exprimer de manière uniforme au risque, sinon, de se couper de la jeunesse qui, dans certains pays, constitue la moitié de la population. Mobilité et réseaux sociaux structurent donc notre plan stratégique.

Autre facteur marquant pour la télévision : la généralisation, inexorable, de la haute définition. Ne pas pouvoir proposer d'offre en haute définition peut provoquer une éviction, soit que certains bouquets ne veuillent plus offrir que des chaînes en haute définition, soit que le surplus de capacités satellitaires rendu nécessaire par cette technique conduise à évincer celles des chaînes qui n'auront pas migré vers la nouvelle technique. Une extrême vigilance est donc de mise.

De même, en 2020, la télévision analogique hertzienne aura cessé d'être, toutes les chaînes ayant basculé sur la TNT. C'est une source d'opportunités, mais aussi de risques si nous ratons le coche, en Afrique francophone notamment.

Le paysage audiovisuel mondial se caractérise enfin par l'instabilité et l'hétérogénéité d'une concurrence de plus en plus violente, dotée de surcroît de moyens de beaucoup supérieurs aux nôtres, qu'il s'agisse de l'audiovisuel extérieur du Qatar, de Chine, ou d'autres pays. Les médias de l'audiovisuel public américain regroupés au sein du Broadcasting Board of Governors disposent ainsi de 750 millions de dollars, BBC World Service de 400 millions d'euros, Deutsche Welle de 270 millions et Al Jazeera de 600 millions, tout comme CNN. J'ignore le budget de Russia Today, mais je sais qu'ils sont prêts à payer pour entrer sur les réseaux ; ce n'est pas notre cas, et cela peut fausser la concurrence.

Voilà le cadre dans lequel s'inscrit notre COM.

Dans le droit fil de la réforme du 12 juillet 2012, le projet de COM réaffirme en premier lieu l'identité forte de chacun des trois médias du groupe. En partie complémentaires sur les plans éditorial et linguistique, ils chercheront des publics également complémentaires.

RFI a été réaffirmée très fortement comme une radio d'expertise, de réflexion et de découverte, en français et en douze langues étrangères. Ce n'est pas une chaîne d'information continue, mais l'information est son épine dorsale. RFI a pour nouvelle signature « Les voix du monde » : elle dit la vision plurielle proposée sur son antenne. Sur cette antenne très interactive, les auditeurs, notamment ceux d'Afrique, nous donnent, tous les matins, bien des leçons de géostratégie. Ce sont de leurs voix aussi dont parle notre signature.

Monte Carlo Doualiya, radio généraliste, se revendique radio de la liberté, de la laïcité et de l'universalisme en langue arabe. Sa nouvelle signature est « Sur la même longueur d'onde »… que le monde arabe qui exige la liberté et l'égalité entre les hommes et les femmes.

France 24 diffuse des informations en continu et le fera davantage encore ; parce qu'elle est multilingue, il s'agit, en réalité, de trois chaînes de télévision. Nous avons donc décidé de mettre fin au parallélisme absolu des trois antennes, considérant à la fois que le « prime time » diffère selon le point du globe où les téléspectateurs regardent les informations et qu'il convient de contextualiser davantage les informations diffusées, en fonction de la langue et de la culture de ceux qui nous regardent. La nouvelle signature de France 24 est « Liberté, égalité, actualité ». La campagne à venir sera illustrée par des photos de l'Agence France Presse, dont nous nous rapprochons beaucoup et avec laquelle nous espérons signer un accord en 2014. Si, dans le rappel de la devise républicaine ne figure pas le mot « fraternité », c'est qu'au fond ce qui est humain est au coeur de tous les programmes de France 24 ; la bonne manière d'être fraternel, quand on est journaliste, c'est de donner une information impartiale au plus près des faits. De plus, les visuels qui illustrent la campagne traitent souvent de la fraternité. La conférence de presse qui aura lieu demain, à l'occasion du septième anniversaire du lancement de France 24, nous donnera l'occasion de réaffirmer la rigueur et la réactivité de l'antenne.

Ainsi, pour chacun des médias, nous avons réaffirmé que nous parlons depuis la France et que nous couvrons l'actualité internationale avec un regard qui nous distingue tant des chaînes anglophones que des chaînes arabophones.

Le deuxième volet du projet de COM traite de la distribution. Dans les zones de consolidation – Afrique francophone, Maghreb, Proche et Moyen-Orient – France 24, RFI et Monte Carlo Doualiya ont une notoriété certaine et une audience très significative, pour ne pas dire qu'elle est la première. Maintenir nos positions implique que nous ne nous laissions pas distancer par une concurrence très rude : celle, toujours croissante, des chaînes locales, et celle des chaînes chinoises, qataries et parfois russes. Nous procéderons à des délocalisations exceptionnelles de nos antennes et nous mènerons des campagnes publicitaires. La distribution est, à peu de choses près, à son état optimal dans ces zones. Mais, outre qu'il nous faut, je l'ai dit, ne pas rater le coche de la TNT, nous voulons ouvrir quelques stations FM supplémentaires – c'est imminent en Côte d'Ivoire – et, pour ce qui concerne RFI, lancer des émissions dans une nouvelle langue africaine de l'Afrique de l'Ouest ; nous réfléchissons au choix de cette langue. Nous comptons aussi sur la mobilité en pleine expansion en Afrique.

J'ai participé au « Tour du Maghreb » avec la caravane de France 24 qui a sillonné le Maroc, l'Algérie et la Tunisie. Un accord avec l'Algérie tend à la coproduction en direct, pour la première fois, d'une émission hebdomadaire d'analyse de l'actualité diffusée sur Monte Carlo Doualiya et sur Radio Algérie internationale. La première a eu lieu la semaine dernière. Le sujet « le terrorisme aux frontières de l'Algérie » – et les invités ont été choisis conjointement. France 24 sera délocalisée en Algérie pour couvrir la visite qu'y fera le Premier ministre en décembre. À cette occasion, je signerai un accord tendant à la coproduction par France 24 d'émissions qui seront également diffusées sur la chaîne algérienne ; c'est un grand pas en avant. Des accords identiques sont en préparation avec le Maroc et la Tunisie, et nous avons déjà signé un accord avec la radio tunisienne, qui reprend Monte Carlo Doualiya sur Radio Tataouine, et des accords relatifs à la formation.

Au Proche et au Moyen-Orient, des accords de reprise partielle de France 24 ont été signés au Liban. En Egypte, une coproduction va être lancée prochainement entre France 24 en langue arabe et une chaîne de télévision égyptienne ; nous avons également conclu un accord pour la réalisation d'une émission hebdomadaire coproduite par Radio Masr et Monte Carlo Doualiya, associant un rédacteur en chef égyptien et un rédacteur en chef de notre antenne. Vous l'aurez compris, nous avons beaucoup à faire dans les zones de consolidation.

Dans les zones de développement, il nous faudra faire progresser notre taux de notoriété et pour cela améliorer notre exposition et donc notre taux de couverture. Nous devons nous faire connaître mieux dans les pays du Golfe en multipliant les délocalisations d'antenne et en complétant notre offre par de nouvelles fréquences FM et par des diffusions partielles. Monte Carlo Doualiya vient de signer un accord en ce sens à Oman et des projets similaires sont en cours avec les Emirats arabes unis. Cela vaut aussi pour l'Afrique non francophone ; nous devons avoir une vision panafricaine et, sur une zone où nous disposons de solides atouts – la présence de RFI, qui propose des émissions en kiswahili, et de France 24 en anglais –, nous devons pouvoir progresser. Sachant l'accord de l'État, nous avons déjà anticipé le COM en nous installant sur la TNT au Kenya et en Tanzanie.

En Europe, notre taux de couverture est excellent pour France 24 mais nous entendons aussi faire progresser notre notoriété. Nous prévoyons un « tour d'Europe » sur le modèle du tour du Maghreb précédemment évoqué ; à l'heure du numérique et du virtuel, la proximité physique nous semble une bonne piste. RFI, en Europe, se concentre sur la Roumanie : RFI Romania y est jugée remarquable, le Premier ministre roumain me l'a dit lui-même. Nous venons de signer un accord de coopération avec TV5 Monde, également présente en Roumanie grâce aux sous-titrages de ses programmes en roumain; il prévoit des promotions croisées et des opérations conjointes dans ce pays.

La France aussi est pour nous une zone de développement. Cela peut paraître paradoxal, mais outre que notre élan à l'étranger suppose une solide reconnaissance de nos antennes à l'intérieur de nos frontières, nos concitoyens doivent s'ouvrir à l'information mondiale. Actuellement, nous ne sommes diffusés qu'en Île-de-France pour ce qui concerne RFI. Nous disposons d'une fréquence temporaire à Marseille pour RFI et Monte Carlo Doualiya ; France 24 est présente sur le câble et le satellite et l'ADSL ; mais ne l'est pas sur la TNT. Le COM prévoit l'élargissement de notre présence en France ; notre cahier des charges, modifié pour permettre cette évolution, est soumis à l'examen du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA). Nous serions désespérés de devoir quitter Marseille le 31 janvier prochain, et les élus marseillais, tous bords confondus, se mobilisent à nos côtés pour qu'il n'en soit rien. Marseille compte d'importantes communautés à la fois francophones et arabophones, et aussi de fortes communautés françaises dont les origines sont en Afrique.

RFI et Monte Carlo Doualiya font un travail remarquable. Les radios laïques en langue arabe ne sont pas si nombreuses, et il n'existe pas d'autre chaîne de télévision non confessionnelle en langue arabe que France 24. Il est donc dommage que la diffusion de nos medias soit réservée à l'étranger ; il serait bon qu'ils soient davantage présents sur notre territoire. Une fréquence, au moins partielle, en Île-de-France devrait être attribuée à France 24, en langue française pour commencer ; les pouvoirs publics ont saisi le CSA à cette fin, pour faire jouer le droit de préemption de l'État. Nous espérons jouer de la sorte un rôle utile en France.

Dans les zones de conquête enfin, beaucoup reste à faire, et sous forte contrainte budgétaire, ce qui ne simplifie pas notre tâche, puisqu'il s'agit, par définition, des marchés les plus difficiles. Nous souhaitons améliorer notre distribution en Asie-Pacifique. Nous sommes sur la bonne voie en Inde, où nous avons signé un accord qui permet à France 24 en langue anglaise d'être présente dans un foyer sur quatre. Nous avons reçu un excellent accueil et nous avons été particulièrement touchés, je vous l'ai dit, par le soutien de nos amis indiens après l'assassinat de nos collègues au Mali.

Nous avons également développé l'offre de RFI en persan en rapprochant RFI et France 24 – selon la devise interne « puisque l'on ne fusionne plus les rédactions, si on travaillait ensemble ?». L'émission participative Les Observateurs, maintenant déclinée en persan, rencontre un très vif succès : des Iraniens, en particulier, nous signalent, par SMS ou par vidéos, des informations que nous trions et que nous diffusons sur l'Internet.

Nous devons aussi développer notre visibilité en Amérique du Nord. Nous avons signé des accords conduisant au gain de deux millions de foyers supplémentaires cette année et diverses opérations sont prévues en 2014.

Étant donné la contrainte budgétaire, nous avons décidé de différer nos efforts de distribution et de marketing de France 24 en Amérique Latine : il nous semble peu rationnel de tenter de nous y renforcer alors que nous ne diffusons pas en langue espagnole. L'État souhaiterait que nous y soyons présents, car tous nos concurrents le sont. Nous savons que l'audiovisuel public extérieur français est attendu dans ces pays latins, nous n'ignorons pas cette attente et le projet COM indique que nous devons y travailler, mais le budget nécessaire au lancement d'une chaîne en espagnol diffusée 24 heures sur 24 s'élève à 18 millions d'euros. Nous avions proposé de commencer par une diffusion de 2 heures, mais la tutelle a jugé que si lancement il y a, la durée de diffusion doit être plus longue. Le projet est donc à l'étude et reporté à 2015.

RFI, en revanche, est très présente en Amérique Latine, où elle a conclu de très nombreux accords de reprise de ses programmes en espagnol et en portugais. Nous rentrons d'Haïti, où nous avons reçu un accueil exceptionnellement chaleureux. Parce qu'il nous manque le créole, nous projetons la création d'un studio-école destiné à former des journalistes et à diffuser les informations locales en créole aussi – mais pour cela, il nous faudra trouver des financements spécifiques.

Si la régie de diffusion de France 24 a basculé vers la haute définition, le projet de COM ne prévoit pas le budget nécessaire à la diffusion satellitaire en haute définition. Nous instituons donc un mécanisme d'alerte qui nous permettra d'analyser les risques d'éviction ; s'ils s'avèrent, la tutelle sera saisie et tranchera, soit en trouvant les budgets nécessaires, soit en renonçant en toute connaissance de cause.

Troisième volet du COM, l'essor des nouveaux médias qui imposait la refonte de nos sites, qui dataient. Le résultat a été spectaculaire : la rénovation du site de Monte Carlo Doualiya a eu un effet immédiat, le nombre de visites mensuelles passant de 200 000 à 400 000. Le nouveau site de France 24 sera lancé le 12 décembre ; doté d'une application de lecture horizontale adaptable spontanément à tous les supports numériques mobiles, il sera à la pointe de l'innovation. Nous allons aussi rénover les sites de RFI en français et en langues étrangères, qui sont pour nous un atout considérable. Ainsi, en délocalisant la rédaction Khmer, nous sommes passés de 1 heure à 3 heures de production propre par jour et à 13 heures de conduite d'antenne en langue khmère, et la diffusion de ces programmes sur l'Internet a eu un résultat foudroyant : le nombre de visiteurs mensuels du site en langue khmère est passé de moins de 200 000 à 800 000. Alors qu'il n'a été soumis qu'à une rénovation légère, le site en vietnamien attire depuis lors un million de visiteurs chaque mois. Nous voulons, de la même manière, mettre au goût du jour tous les sites en langue étrangère de RFI. Incidemment, notre site en mandarin nous vaut quelques soucis : à chaque fois que nous parvenons à contourner la censure nous nous faisons bloquer à nouveau. Notre travail éditorial, qui intéresse beaucoup la population chinoise, paraissant sans doute trop critique.

Bien entendu, je ne conclurai pas sans évoquer le très important volet social du projet de COM. L'harmonisation des statuts, dans un groupe constitué de médias différents dont les cultures respectives étaient radicalement diverses, est un gros chantier. Coexistaient dans le groupe, pour RFI et Monte Carlo Doualiya, l'ancienne convention collective de la communication et de la production audiovisuelle ainsi que l'ancien avenant audiovisuel à la convention collective nationale sur le travail des journalistes applicables au secteur de l'audiovisuel public et, pour France 24, la convention collective des chaînes thématiques du secteur privé.

Quand je suis arrivée, la fusion annoncée était, dans bien des domaines, dont le suivi budgétaire, plus virtuelle qu'enclenchée. Tout cela est rentré dans l'ordre. Surtout, nous avons réformé nos instances représentatives du personnel car nous ne pouvions faire fonctionner le groupe correctement avec trois comités d'entreprise, trois CHSCT et trois organisations des délégués du personnel, qui auraient pu prendre des décisions contradictoires. Les résultats des élections professionnelles seront connus demain, et je fais confiance à la nouvelle équipe des élus avec laquelle nous travaillerons ; nous devrons être à la fois très imaginatifs et très responsables. Certes, l'enveloppe budgétaire est serrée, mais la motivation est certaine.

Je me dois de souligner l'effort de l'État en faveur de France Medias Monde. Il n'est pas très important en volume, mais il n'est pas indifférent dans les temps actuels puisqu'il se traduit par une progression de la dotation publique de 3,4 millions d'euros entre 2013 et 2015, soit 1,4 % en glissement sur deux ans, à quoi s'ajoute 1 million d'euros de crédit d'impôt compétitivité emploi. Nous aurions certes eu l'usage de ressources supplémentaires, mais en ces temps de budgets contraints, nous avons ressenti cet accroissement de 4,4 millions d'euros sur deux ans comme un signe d'adhésion à notre stratégie. L'entreprise s'engage pour sa part à dégager 6,4 millions d'euros sur ses ressources propres sur la période. Deux millions d'euros proviendront de recettes publicitaires supplémentaires ; le reste tiendra aux gains de productivité, aux économies sur les frais généraux, à une meilleure planification des congés, toutes démarches qui devraient nous permettre de remplir nos missions en faisant plus et mieux en termes de contenus et de présence mondiale.

S'agissant des recettes propres, nous avons été très raisonnables, à la fois parce que les résultats ne nous satisfont pas complètement – mais comme nous ne gérons pas la recette publicitaire sur France 24, nous ne pouvons complètement décider la stratégie à ce sujet – et parce que j'ai mis un coup d'arrêt aux publi-reportages sur France 24. Je considère que la chaîne doit s'interdire ce procédé, les dommages induits par la perte de crédibilité qui en résultera à terme outrepassant de loin les avantages en termes de recettes. Une chaîne d'information dénommée « France 24 » ne peut tolérer non plus certains parrainages ; nous devons être très rigoureux. Mon homologue de BBC World Service m'a indiqué tirer un chiffre d'affaires important de la vente des programmes, y compris les programmes réalisés avec la BBC nationale, mais il m'a dit aussi que son chiffre d'affaires publicitaire est de 10 millions d'euros – le même ordre de grandeur, donc, que le nôtre. Si la « vieille dame » jouit du respect que l'on sait, ce n'est pas sans raison. Nos recettes publicitaires augmenteront certes de 2 millions d'euros d'ici 2015, mais cela se fera sans dérives. Je ne pense pas que cela dissuade les annonceurs d'investir en écrans publicitaires sur nos antennes.

En 2013, nous avons beaucoup travaillé : nous avons déménagé dans la sérénité, changé de nom et fusionné les instances représentatives du personnel. Nous avons aussi accru notre taux de pénétration, France 24 étant distribuée dans 40 millions de foyers supplémentaires soit plus de 250 millions de foyers au total. C'est l'augmentation la plus forte constatée depuis sa création. Les sites Internet de RFI, France 24 et Monte Carlo Doualiya ont atteint un nombre cumulé record de 25 millions de visites et nous avons 10 millions d'abonnés par le biais des réseaux sociaux. Chacun, en particulier les salariés, a donc donné le meilleur de lui-même.

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